La prévention est tout juste bonne à recycler les ministres évincés !
Dernier ingrédient de votre politique, et non des moindres : un désengagement massif et sans précédent de l'État, et un transfert de ses missions vers d'autres opérateurs.
C'est sur ce point que je veux insister.
Pour pallier la pénurie de moyens, puisque la révision générale des politiques publiques a déjà supprimé 10 000 postes de policiers et gendarmes, la logique à l'oeuvre est celle de l'abandon par l'État de sa mission éminente concernant la sécurité des Français.
C'est la caractéristique principale de la LOPPSI : vous menez une politique libérale de sécurité dont les grandes gagnantes seront les entreprises privées de sécurité. Vous supprimez des postes, et donc vous cherchez tous les supplétifs possibles : ici les polices municipales, là les services de sécurité de la SNCF et de la RATP, et même au sein de la police nationale, la création d'une réserve civile aux contours imprécis, qui inquiète légitimement les policiers.
Et c'est avec stupéfaction que nous avons découvert les propos récents d'Éric Ciotti, selon qui « il faudrait bâtir un plan Marshall pour la justice et la police. » Tardive prise de conscience, alors que ce même Éric Ciotti, rapporteur de la LOPPSI, nous expliquait encore tout à l'heure qu'il n'y a pas de problèmes de moyens !
Vous avez même refusé le principe d'un rapport, pourtant adopté par deux fois au Sénat, qui aurait obligé le Gouvernement à rendre enfin des comptes sur la fracture territoriale existante dans la répartition des effectifs, afin d'examiner comment redéployer les forces prioritairement vers les territoires les plus exposés à la délinquance…