Madame la députée Zimmermann, les droits des femmes sont au coeur de mon action, car il n'est pas besoin d'être une femme pour comprendre que les droits de l'homme sont d'abord les droits de la femme. Comme le disait soeur Emmanuelle : éduquez un homme, vous éduquerez un individu ; éduquez une femme, vous éduquerez tout un peuple. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
Longtemps l'histoire des hommes s'est confondue avec celle de leur violence. Et dans ces noces de sang avec l'histoire, la guerre des hommes a trop longtemps été la lutte contre les femmes.
La réalité sur le terrain est insoutenable. J'ai dû effectuer plus de soixante-dix déplacements en dix-huit mois et, partout, ces violences ont atteint une monstrueuse ampleur : en ex-Yougoslavie, au Rwanda, en République démocratique du Congo, au Liberia, en Sierra Leone, au Soudan. Chaque fois, au sein de l'horreur des populations pourchassées, chemine le cortège insoutenable des femmes mutilées. Voyez la RDC, vous l'avez rappelé : 50 000 à 100 000 femmes violées depuis 2003. Songez aux femmes, en Europe de l'Est, victimes de la traite et des réseaux de prostitution. Voyez, mesdames, messieurs les députés, ces femmes afghanes, admirables de courage devant les poussées de l'obscurantisme dans ce pays où, paradoxalement, il y a plus de députées femmes que dans vos travées. Car en France même – Valérie Létard qui mène un admirable combat ne me démentira pas –, entendez la parole des femmes soumises aux violences conjugales, aux mariages forcés et à l'excision.
J'ai donc souhaité, dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne, porter une initiative d'envergure. Il s'agit de mobiliser l'ensemble des vingt-sept pays européens autour d'un projet de lignes directrices contre les violences faites aux femmes, qui aboutira d'ici à la fin de l'année, et dont l'objet est de donner instruction à nos ambassades de faire des droits des femmes leur priorité en matière de droits de l'homme.
Contre les violences sexuelles dans les conflits armés, il a fallu aller plus loin en travaillant à intégrer la dimension « genre » dans les opérations de maintien de la paix, et notamment dans la politique européenne de sécurité et de défense.
Notre engagement est également financier puisque plus de deux millions d'euros ont été mobilisés en 2006 par la France pour contribuer au fonds des Nations unies qui lutte contre les mutilations génitales féminines.
Malgré cela, il faut continuer encore et toujours face à cette part d'inhumanité, pour que la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui affirme l'inviolable dignité des femmes et des hommes, soit mise en pratique très concrètement. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC, et sur plusieurs bancs des groupes SRC et GDR.)