Le Président de la République nous a dit hier qu'il n'avait pas pris la juste mesure de ce qui c'était passé en Tunisie (« Vous non plus ! » sur les bancs du groupe UMP), ce qui est très exactement ce que nous disions la semaine dernière dans cet hémicycle. Une fois n'est pas coutume, je veux remercier le Président de la République d'avoir ainsi rendu hommage au travail de l'opposition. (Rires sur les bancs du groupe UMP. – Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Si vous n'avez pas pris la juste mesure des événements, vous n'avez pas non plus pris de mesures justes, c'est-à-dire appropriées à la situation. En effet, Mme Alliot-Marie ne s'est pas contentée de proposer une coopération policière qui devait s'adresser à un régime dont on a vu qu'il utilisait des moyens sanglants ; vous avez agi en ce sens. Nous avons appris la semaine dernière qu'un avion, chargé de sept tonnes de matériel de maintien de l'ordre, avait été affrété et s'apprêtait à partir, au moment même du départ de M. Ben Ali, et n'avait été arrêté que pour une raison tenant à la procédure du service des douanes. Cela veut donc dire que le ministère de l'intérieur, le ministère de la défense et le ministère des finances avaient donné leur accord à cette coopération policière avec le régime de M. Ben Ali.
Cela présente un mérite : rendre justice à Mme Alliot-Marie, comme vous souhaitiez le faire la semaine dernière : ce n'est pas seulement sa responsabilité qui est engagée désormais, c'est la responsabilité de tout le Gouvernement. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe GDR.) C'est la politique que vous avez menée qui vous a conduits par votre aveuglement à aller jusqu'à proposer de tels moyens.