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Intervention de Bernard Bigot

Réunion du 1er février 2011 à 17h15
Commission des affaires économiques

Bernard Bigot, administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique, CEA :

Le délai est fixé par la loi : nous devons vous présenter avant 2013 un schéma industriel robuste. L'ANDRA souhaitait commencer avec le schéma existant et l'optimiser plus tard. Nous préférions pour notre part – je le dis sans polémique – prendre le temps de la réflexion et optimiser dès maintenant car certaines options sont irréversibles.

J'en viens à la contamination au tritium, à Saint-Maur. La vapeur d'eau qui sort d'une installation où on a manipulé le tritium est « tritiée ». On utilise alors un tamis moléculaire, sorte d'éponge à la capacité d'absorption considérable, qui permet de récupérer l'eau tritiée et donc de préserver l'environnement. L'équipement en cause dans cette affaire, utilisé dans les années 1996, avait été décontaminé au maximum. On avait estimé qu'avec les techniques de l'époque, on ne pouvait plus en extraire l'eau tritiée qui pouvait encore s'y trouver. Pour vous donner une idée de la difficulté, cela équivalait à récupérer moins d'un litre réparti sur quelques dizaines de milliers de terrains de football ! Cette présence résiduelle est même pratiquement indétectable. Cet équipement a donc été considéré comme neuf. À la suite d'une erreur de transcription, le « considéré comme neuf » est devenu « neuf ». C'est un défaut d'organisation – et nous l'assumons – même si le risque était très limité.

Le tamis moléculaire a été mis à la disposition d'une entreprise pour essayer d'améliorer le procédé de désorption dans des conditions de plus haute température et de plus grande pression. C'est lors de ces opérations que le tritium est sorti. Il n'y a pas eu d'impact sanitaire important – seul un employé de cette entreprise présentait des taux anormaux –, mais nous avons immédiatement pris des dispositions : tout matériel non neuf a désormais un étiquetage particulier. Il ne peut plus sortir des sites du CEA sans qu'on ait vérifié qu'il ne subsiste pas de quantités résiduelles de matière.

Le tritium est un produit faiblement radioactif : ses rayonnements sont arrêtés par une feuille de papier. Il ne peut donc pas être détecté s'il est enfoui à l'intérieur du tamis moléculaire. Nous n'en sommes pas moins désolés de ce qui est arrivé.

Pour développer des technologies efficaces, il faut des matériaux. Pour les batteries, il s'agit de matériaux polymères haute performance. Nous sommes capables de définir et de tester les performances que nous attendons, mais nous ne sommes pas chimistes. Nous avions donc intérêt à nous associer avec un grand de ce secteur – ARKEMA – pour développer des produits qui puissent assurer un avantage compétitif à notre pays.

Pour les nouveaux entrants, nous avons, à la demande du Président de la République et du Gouvernement, créé un Institut européen de l'énergie nucléaire, qui vise à accueillir et à former les jeunes scientifiques qui le souhaitent. Les entreprises françaises ont ici un véritable atout : ces pays n'ont pas seulement besoin d'un équipement, mais aussi d'un accompagnement en tant qu'exploitants.

PETAL vise pour l'instant, principalement, à nous permettre d'explorer un état de la matière qui n'est pas accessible aujourd'hui : l'état des plasmas de très haute densité et très haute température. Il ne faut pas survendre les possibilités qu'offre cette technologie – la fusion par compression laser – pour produire de l'énergie. Il s'agit d'amener à la fusion de toutes petites billes de tritium et de deutérium, à une température proche du zéro absolu ; or nous ne sommes capables actuellement que de mener des sessions de huit heures. Nous ne pouvons donc nous accommoder d'une énergie si intermittente. Le Petawatt est donc un outil formidable pour faire progresser la connaissance fondamentale mais, à ce jour, ses perspectives de développement énergétique ne sont pas démontrées.

Concernant le calendrier et les conditions financières de déploiement du parc, je crois que c'est la compétitivité qui joue.

Nous travaillons activement sur les carburants de deuxième génération, dans la perspective de nous exonérer de la dépendance énergétique. Il s'agit de gazéifier la biomasse, de produire l'hydrogène et de les combiner.

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