Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Michel Liebgott

Réunion du 1er février 2011 à 15h00
Débat sur la politique de la ville

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Liebgott :

Je n'ai pas de question à poser, mais je voudrais, en conclusion, faire un commentaire. Le vrai problème, me semble-t-il, ce n'est pas la politique de la ville, c'est la fracture sociale. En France comme dans d'autres pays européens, on ne sait plus où mettre les pauvres, on ne sait plus que faire de ceux qui sont en marge de la société. Jusqu'à présent, on les mettait à la périphérie de nos villes, dans des quartiers dits « politique de la ville ». Sur le plan technique, cela a plutôt bien fonctionné : l'ANRU, la DSU, tous les outils sont performants. Dans différentes régions, et dans ma propre commune, on ne s'en tire pas si mal que cela, dans ces quartiers. Ce qui est dramatique – comme l'expliquait Julien Dray tout à l'heure –, ce sont les copropriétés dégradées, que l'on trouve partout sur le territoire, et pas seulement dans ces quartiers. Les problèmes se posent surtout dans les anciens centres des bassins industriels en voie de paupérisation. Patrick Roy n'est pas à l'Assemblée actuellement, mais il pourrait parler de Denain. Je pourrais, quant à moi, évoquer ma circonscription, où se trouve la capitale des maîtres de forges, Hayange, qui, après avoir été très riche grâce à la sidérurgie, a aujourd'hui perdu la moitié de sa population. On constate une paupérisation totale de ces centres-villes.

Ne nous faisons donc aucune illusion : le problème qui se pose aujourd'hui n'est pas celui de la politique de la ville, mais celui de la paupérisation durable de certaines populations qui, depuis plusieurs décennies, sont en marge de la société. On peut régler le problème de la pierre et de la construction, on peut rénover, on peut faire sortir ces gens des quartiers « politique de la ville » : ce sera pour les retrouver dans d'autres quartiers. Dans la ZUS de ma ville, une opération ANRU vient de s'achever : c'est magnifique, les gens vivent désormais dans de beaux appartements. Mais on est passé de 600 à 900 demandeurs d'emploi, et le chiffre ne baissera pas. Ces gens sont malheureux, parce qu'ils n'ont pas de travail. On compte 75 000 Français qui vont travailler au Luxembourg voisin. Ceux qui restent du côté français et qui ne trouvent pas de travail s'installent durablement dans la précarité. On pourra les installer où on voudra, cela ne réglera pas leur problème.

La politique de la ville n'est qu'un épiphénomène de la fracture sociale. Sans doute, il faut faire en sorte que ces gens vivent mieux dans ces quartiers, mais cela ne règle pas le problème de l'inégalité dans notre société, liée à la crise, certes, mais aussi à un modèle de production volontairement inégalitaire.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion