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Intervention de Claude Bartolone

Réunion du 1er février 2011 à 15h00
Débat sur la politique de la ville

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Bartolone :

Je vais m'efforcer d'être rapide, quitte à adopter un style télégraphique. Le problème de la politique de la ville, monsieur le ministre, c'est qu'elle doit être à la fois une politique de la pierre et une politique pour les gens.

Pour ce qui est de la politique de la pierre, le Premier ministre a suscité beaucoup d'espoirs en évoquant une « ANRU 2 ». Le président de l'ANRU a, lui, été très clair, en déclarant en substance : « Il faudrait réfléchir au financement du programme par d'autres partenaires pour minimiser la participation de l'État. » Sachant que, en 2011, 600 millions d'euros proviennent déjà des collecteurs du 1 % logement, je dis : attention à la casse ! La péréquation n'étant encore que balbutiante et la situation des collectivités locales pour les années à venir étant ce qu'elle est, la situation risque d'être compliquée ! Or, avec les programmes de l'ANRU, on s'engage pour plusieurs années. Ainsi, vous sous souvenez sans doute que, lors de votre visite du quartier des Courtillières à Pantin, je vous ai montré une opération commencée dix ans auparavant.

Par ailleurs, nous devons être attentifs aux copropriétés dégradées. Nous n'avons pas encore réussi à mettre au point un dispositif permettant d'intervenir efficacement pour remédier à ce problème. Or, si nous ne sommes pas vigilants, ce sont des quartiers entiers, à Clichy, à Montfermeil, à Aulnay, qui seront touchés, et pour lesquels nous ne pourrons plus faire grand-chose.

Enfin, pour en terminer avec la pierre, j'appelle votre attention, monsieur le ministre, sur les quartiers anciens dégradés – on en compte actuellement vingt-cinq –, qui posent d'importants problèmes en matière de santé, notamment pour les enfants.

Après la pierre, j'en viens aux gens. Nous devons être conscients du fait qu'il n'est pas possible de renvoyer sans cesse les habitants à une action qui n'aboutira que dans dix ans : il faut savoir agir aussi à court terme, comme le montre le rapport qui nous a été remis. J'appelle votre attention sur deux points, monsieur le ministre. Premièrement, vous allez être en partie responsable de la prochaine rentrée scolaire, dans la mesure où l'école est l'un des outils premiers de la politique de la ville. J'aimerais donc connaître votre avis sur l'annonce qui a été faite, en Seine-Saint-Denis, de quarante suppressions de postes dans le primaire et vingt dans les collèges, alors que l'on ne peut plus invoquer la démographie puisque la population est au contraire en train d'augmenter et que nous allons devoir accueillir 4 000 collégiens supplémentaires dans les quatre ans qui viennent.

Deuxièmement, les praticiens de la politique de la ville savent tous ce que représentent la sécurité et l'ordre républicain. En Seine-Saint-Denis, entre 2009 et 2010, on a constaté une augmentation de 7,2 % des atteintes volontaires à l'intégrité physique et de 11,4 % des violences physiques crapuleuses. Et pourtant, le ministre de l'intérieur considère que le département dispose de suffisamment de policiers. La Seine-Saint-Denis est dotée d'un préfet atypique qui a mené certaines opérations – que François Asensi a sans doute approuvées, tout comme moi, car elles étaient nécessaires. Cependant, si ces opérations se sont traduites, dans un premier temps, par une baisse des trafics, tous les principaux de collège vous diront qu'il y a aujourd'hui un redémarrage du racket, en raison du lien entre ces deux phénomènes. De même, à Pierrefitte ou à Saint-Denis, on voit les vols à la tire augmenter dans des proportions impressionnantes. J'aimerais connaître votre sentiment sur les chiffres que je viens de vous donner, monsieur le ministre. Comment expliquez-vous la flambée de l'insécurité et, puisque vous allez rencontrer le ministre de l'intérieur, comment comptez-vous lui faire comprendre que, quels que soient les discours sur la vidéosurveillance, le maintien de la sécurité passe par la présence de policiers ?

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