Tout d'abord, il serait utile de reconnaître que jamais une politique de la ville ne pourra corriger les effets d'une politique nationale mal orientée et pourvoyeuse d'inégalités territoriales, de misère et de paupérisation des salariés. Pour autant, nous ne tenons pas les politiques qui se sont succédé depuis celle des « quartiers Dubedout » pour quantité négligeable, bien au contraire. Par exemple, ma commune a toujours été inscrite dans les dispositifs de la politique de la ville. Elle ne les utilise pas tous, tirant profit uniquement de ceux qui lui semblent utiles aux populations – c'est probablement ainsi qu'agissent la quasi-totalité des élus locaux.
S'agissant du rapport, je n'ai – et ce n'est aucunement désobligeant – rien à en dire. S'il est utile à la réflexion de chacun d'entre nous, il n'est jamais qu'un énième rapport nous expliquant quelles sont les limites de la politique de la ville, soulignant ses avancées et ses échecs.
En ce qui concerne ma circonscription, M. le préfet nous a annoncé, lors d'une réunion – mais il n'y peut rien : il n'est que le facteur de l'État –, que, pour l'année 2011, sur les 38 établissements scolaires relevant de dispositifs prioritaires, 33 seraient exclus de la liste. En matière de sécurité, nous lui avons fait observer qu'il manquait 35 policiers dans le commissariat de ma commune, un peu plus de 30 dans celui de Colombes et une quinzaine dans celui de Villeneuve-la-Garenne. Il nous a répondu que nous n'avions qu'à installer des caméras. Mais vous connaissez bien la boucle nord des Hauts-de-Seine, monsieur le ministre : des caméras n'auraient aucun effet. La présence sur le terrain d'une police de proximité est indispensable. Or, de ce point de vue, cent policiers en moins, ça se voit !
S'agissant du cadrage financier, l'État annonce une baisse des crédits de 12 %. Et comment justifie-t-il une telle baisse dans une commune qui, comme la mienne, relève entièrement de la politique de la ville ou dans une ville comme Colombes, qui en relève aux deux tiers ? En invoquant l'amélioration de la situation de l'emploi. Or, le chômage a augmenté de 40 % et la situation des jeunes est particulièrement difficile. À ce propos, je rappelle que, lorsque la situation de l'emploi s'améliore dans notre pays – et il est arrivé qu'elle s'améliore –, des villes comme la mienne ne ressentent cette amélioration qu'un ou deux ans plus tard : nous subissons ce que l'on appelle un effet retard. En revanche, quand la situation se dégrade, l'effet est immédiat. La raison en est simple : dans nos quartiers, ce sont les emplois précaires qui priment ; or, ce sont ces emplois-là que l'on supprime en premier.
J'en viens à la politique de la ville. Il semblerait qu'un conseil interministériel doive être annoncé pour février 2011, dont l'ordre du jour comporterait la réforme de la géographie prioritaire. Avec Claude Bartolone, nous avons immédiatement traduit : le nombre de villes ou de quartiers concernés fera l'objet d'un examen dont nous connaissons par avance le résultat. Quelles pistes pourriez-vous définir en la matière, monsieur le ministre ?
Quant aux contrats aidés, ils font presque chaque semaine l'objet de questions au Gouvernement, dont les réponses contredisent la réalité vécue sur le terrain. Ainsi, dans mon département, le nombre de ces contrats a baissé de 40 % et l'État annonce que sa participation à leur financement sera ramenée de 92 % à 70 %, voire un peu moins. Le nombre des contrats passerait ainsi de 4 750 à 1 814, au motif – je le répète, car c'est étonnant – que la situation économique s'améliore. Monsieur le ministre, qu'en pensez-vous ?