Il est étrange que l'on n'ait rien su pendant des lustres de la situation réelle de la Grèce, et que la lumière ait jailli brutalement au moment même où le gouvernement grec changeait… J'ai retenu de vos explications, madame la ministre, que les fonds levés au-delà des 255 milliards d'euros qui permettront de venir effectivement en aide aux pays en difficulté sont mis en réserve, à titre de garantie. Il est grand temps d'ouvrir le débat sur la dépendance à l'égard des agences de notation et des marchés. Selon la thèse libérale, les banques centrales devaient être indépendantes pour être à l'abri des arrangements politiques. Le résultat, c'est que les marchés dictent désormais les politiques publiques. Ne peut-on envisager, pour ne plus avoir à se soumettre aux diktats des marchés, que la Banque centrale européenne achète de la dette souveraine sur le marché secondaire, non plus en catimini mais officiellement, ou bien – ce qui revient à peu près au même – que l'on européanise la dette ? Pourquoi s'interdire, au détriment des contribuables, de se servir d'un instrument commode ? À défaut, on se prépare des années et des années d'austérité car rien ne garantit que les pays qui ont fait l'objet de plans de sauvegarde soient en mesure de respecter tous leurs engagements.