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Intervention de Christine Lagarde

Réunion du 25 janvier 2011 à 16h15
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Christine Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie :

Avant d'en venir au Fonds européen de stabilité financière, permettez-moi d'évoquer la situation dans la zone euro. S'il faut faire preuve d'humilité, il faut aussi reconnaître les avancées réalisées dans la zone euro et la force de notre devise commune. Pour mémoire, celle-ci a été introduite à une parité de 1,16 dollar pour un euro. Aujourd'hui, au plus bas, l'euro vaut 1,29 dollar, et dans les bons jours il se rapproche de 1,35 dollar. Il ne s'agit donc pas d'une monnaie faible.

Quelques observations également concernant la dette souveraine au sein des pays ayant adopté l'euro. Puisque l'on attend bien souvent de ces pays qu'ils fonctionnent comme un groupe homogène – on parle d'ailleurs de « la zone euro » sans faire de grandes distinctions entre ses membres –, il convient de mesurer le volume d'endettement à cette échelle. Son endettement global – public et privé – est d'environ 224 % du PIB, celui des États-Unis excède 241 %, et celui du Japon est de 364 %. De même, l'aggravation de la dette ou du déficit pendant la période de crise a été bien plus forte aux États-Unis que dans la zone euro – le déficit américain s'établit à 10,75 % de son produit intérieur brut. Á l'échelle de la zone, les chiffres européens du déficit et de la dette, nos deux principaux indicateurs dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance, sont meilleurs qu'aux États-Unis.

Cela ne signifie évidemment pas que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Au sein de la zone euro, les dettes souveraines sont appréciées sur la base du capital de confiance que chacun des émetteurs a réussi à accumuler. Or, au cours des 18 derniers mois, nous avons vu, en Grèce puis en Irlande, les investisseurs amorcer un mouvement de retrait – même s'il s'est considérablement ralenti depuis l'intervention de la BCE et l'expression par les Européens de leur volonté de renforcer la gouvernance économique au sein de la zone.

Nous devons impérativement rester vigilants et faire preuve de détermination politique pour défendre une plus grande solidarité dans la zone euro. Dans ce débat, qui a lieu au niveau des chefs d'État et de gouvernement mais aussi, sur un plan plus technique, à celui des ministres des finances, les positions française et allemande sont évidemment déterminantes.

Je rappellerai rapidement la chronologie des interventions. Nous avons d'abord dû faire face à la crise grecque en utilisant, outre des fonds communautaires, des prêts bilatéraux intergouvernementaux ; puis, nous avons conçu, dans l'urgence, le Fonds européen de stabilité financière ; enfin, grâce à ce fonds, nous avons pu mettre en oeuvre un mécanisme d'aide au bénéfice de l'Irlande.

Le FESF, mis en place les 9 et 10 mai à la demande du Conseil européen, a été doté d'une capacité d'emprunt de 440 milliards d'euros. Le fonds s'associe au Mécanisme européen de stabilité financière, un programme communautaire permettant de lever jusqu'à 60 milliards d'euros, destiné initialement aux pays n'appartenant pas à la zone euro et que nous avions précédemment mobilisé en faveur de la Lituanie, de la Hongrie et de l'Ukraine. Enfin, le dispositif est complété par un engagement du Fonds monétaire international correspondant à 50 % des sommes ainsi agrégées. La capacité d'emprunt cumulée atteint donc 750 milliards d'euros.

Le FESF a reçu la note « triple A » de l'ensemble des agences de notation. Mais les agences ont souhaité que des mécanismes de garanties – ou « coussins » – soient intégrés au Fonds afin d'en assurer la capitalisation.

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