J'associe à ma question Aurélie Filippetti et Pascale Crozon.
En 2010, monsieur le Premier ministre, vous avez déclaré « la lutte contre les violences faites aux femmes » grande cause nationale. En ce début 2011, on attendait donc avec une certaine impatience les statistiques de la sécurité pour juger des résultats.
Elles viennent d'être présentées à la presse. Le verdict de l'Observatoire national de la délinquance est sans appel ; non seulement les violences contre les personnes ont augmenté, mais surtout, les violences contre les femmes dans l'espace public ont bondi de 13 %. En 2010, en France, 50 000 femmes ont été victimes de ces violences, et 10 000 d'entre elles ont subi un viol.
Le président de l'Observatoire national de la délinquance souligne que c'est le point le plus grave et qu'il va falloir le traiter en priorité. Il est rejoint par l'Observatoire de la parité qui précise que « le sentiment d'insécurité des femmes au domicile, comme à l'extérieur, est très fort ». Car à ces violences dans l'espace public, il faut ajouter les violences conjugales dont sont toujours victimes plus de 4 millions de femmes en France. Dans notre pays, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon.
Alors pourquoi, lors de sa conférence de presse, le ministre de l'Intérieur est-il resté complètement muet sur ce point ?
Pourtant, ces résultats dramatiques ne sont pas une fatalité. Le gouvernement espagnol, qui a pris ce sujet à bras-le-corps, a réduit de moitié les violences contre les femmes en cinq ans. A contrario, nos chiffres signent un véritable échec. Vous n'avez mobilisé ni les moyens financiers ni les moyens pédagogiques attendus par les associations, qui espéraient tant de cette grande cause nationale. Ce qui nous permet de douter de la grande cause de la solitude ! La loi sur les violences faites aux femmes adoptée à l'unanimité n'a pas suffi. Les femmes attendront encore longtemps d'être une priorité. Des femmes continueront à être victimes, victimes de votre silence, victimes de votre indifférence. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)