Les réacteurs coréens disposent tout de même d'une capacité de 1 400 MW.
À ce propos, lorsque je parlais du « milieu de gamme » qui manquait à la France, je ne faisais allusion qu'à la classe des réacteurs de 1 000 mégawatts, dont fait d'ailleurs partie la quasi-totalité des 58 réacteurs français, de même que les réacteurs existant ailleurs en Europe et les 100 réacteurs américains. Il ne s'agit nullement de réacteurs moins sûrs. La priorité donnée à la sûreté nucléaire est incontournable : c'est une condition absolue de l'acceptabilité globale et c'est l'intérêt absolu de tous les exploitants nucléaires. L'accident de Tchernobyl a entraîné en Italie un référendum par lequel il a été décidé de fermer toutes les centrales, alors que certaines étaient presque neuves. Il existe donc une solidarité de fait de tous les exploitants entre eux, ainsi qu'avec les populations et les États. Bien entendu, le réacteur ATMEA devra présenter le même niveau de sûreté que l'EPR.
Pour le reste, le fonctionnement de l'autorité de sûreté nucléaire française n'appelle aucun commentaire de ma part.
Suez Environnement, monsieur Dionis du Séjour, fait partie de notre groupe. Nous en détenons 35 % et nous avons le contrôle du conseil d'administration contractuellement. Il existe beaucoup de synergies, en matière de dessalement d'eau de mer notamment. Si nous avons remporté tant de contrats au Moyen-Orient, c'est aussi parce que le groupe possédait les deux compétences.
En Chine, nous avons 24 filiales dans le domaine de l'eau et cette présence nous est très utile pour le développement que nous engageons dans l'efficacité énergétique. Les structures existant dans de grandes villes comme Shangaï, Chongqing, Hong Kong ou Pékin mettent immédiatement le pied à l'étrier à nos équipes d'efficacité énergétique. Si elles n'étaient pas là, nous partirions de zéro et cela se traduirait par une perte de temps considérable.
Monsieur Daniel Paul, nous avons en effet versé des dividendes assez élevés – de l'ordre de 3,5 milliards d'euros – et l'État a touché sa part, soit un tiers de cette somme.
Notre chiffre d'affaires en Afrique, soit 1 milliard d'euros, est faible en valeur relative. Nous sommes néanmoins présents en Afrique du Nord, en particulier dans l'électricité et l'eau à Casablanca, au Maroc, et en Algérie – nous avons été chargés du système de distribution d'eau d'Alger, qui ne fonctionnait plus et qui est désormais opérationnel vingt-quatre heures sur vingt-quatre. En matière d'énergie, nous avons un grand projet de production de gaz à Touat, en Algérie. Nous sommes d'ailleurs un grand partenaire de ce pays depuis trente-cinq ans. Le GNL s'est développé à partir des deux usines de liquéfaction d'Arzew et Skida, qui alimentaient la France et la Belgique.
Nous travaillons également à un projet d'usine de liquéfaction au Cameroun, qui pourrait produire de 2 à 3 milliards de mètres cubes par an.
Bref, notre présence historique concerne plutôt les services mais nous ouvrons des pistes nouvelles en matière d'énergie.
Pour ce qui est du renouvellement des concessions hydro-électriques, nous ne l'avons pas choisi, mais nous serons candidats. Je note que certaines concessions antérieurement détenues par EDF, sur le Rhin par exemple, ont été renouvelées par anticipation et ont de ce fait échappé à l'appel d'offres. Ce ne sera pas le cas des nôtres. Les premières à être soumises à la compétition seront celles de notre filiale à 100 %, la Société hydro-électrique du Midi (SHEM), dans la vallée d'Ossau. Nous ferons valoir à cette occasion nos atouts et notre savoir-faire. À l'heure actuelle, les plus importants barrages en construction sont au Brésil, et c'est nous qui construisons le plus grand d'entre eux, celui de Jirau, dont la puissance sera de 3 700 mégawatts. 25 000 personnes travaillent sur ce chantier.
Au sujet du gaz de schiste, il est trop tôt pour dire quoi que ce soit : il s'agit avant tout de savoir s'il y en a ou non en France ; par la suite, il appartiendra au Gouvernement de fixer les règles de protection de l'environnement et les opérateurs éventuels se détermineront.
Quant à la question de la facturation, les dirigeants de l'association UFC-Que Choisir, que j'ai rencontrés, m'ont assuré qu'ils n'avaient pas dit eux-mêmes qu'il y avait eu surfacturation ou anticipation de hausses de tarif à venir : leurs propos avaient été déformés par un quotidien parisien. Après une enquête approfondie, le Médiateur national de l'énergie a confirmé qu'il n'y avait eu aucune falsification ou fraude.
Cela étant, je reconnais bien volontiers que nous avons beaucoup de progrès à faire. En effet, GDF et EDF utilisaient un système de facturation commun. Lors de la séparation, EDF a conservé l'exclusivité du système informatique et GDF-Suez a dû construire de toutes pièces un système destiné à la gestion de 11 millions de clients – opération sans précédent dans le monde ! Au démarrage, des défaillances inévitables se sont produites et nous sommes infiniment désolés pour les particuliers qui en ont été victimes. Aujourd'hui, le nombre de difficultés se réduit rapidement. Alors que l'année 2008 a été très difficile, 2009 et 2010 marquent une amélioration.
Autant j'admets la critique pour ce qui est de notre efficacité, autant je n'admets pas l'accusation de malhonnêteté.
C'est avec une pointe de regret que j'ai mis fin au système de stock-options dans le groupe, dans la mesure où j'ai été à l'origine de leur introduction dans la législation française lorsque j'étais conseiller de Jacques Delors. Au demeurant, la loi du 18 juillet 1984 avait été adoptée à l'unanimité par le Parlement. Je pense que ce texte était opportun par l'impulsion qu'il voulait donner. Mais il y a eu par la suite des abus et son image a été très abîmée. C'est pourquoi nous sommes passés aux actions de performance, qui deviennent propriété de certains salariés au bout de trois ans si les conditions de performance sont respectées et qui ne peuvent être cédés qu'après deux ans supplémentaires. Il s'agit d'un système d'attribution individualisée destiné principalement aux cadres dirigeants et supérieurs ou aux salariés ayant participé de façon exceptionnellement efficace à certaines opérations. Le nombre de bénéficiaires est d'environ 8 500. Parallèlement, nous avons un système universel d'attribution d'actions gratuites à tout le personnel, dans l'objectif de faire des 215 000 salariés de GDF-Suez des actionnaires du groupe et de renforcer leur sentiment d'appartenance. Nous avons adopté ce système il y a trois ans, et nous étions les premiers à le faire. Le nombre d'actions distribuées, une trentaine, est identique pour tous les salariés, quels que soient leur ancienneté, leur âge, leur sexe ou leur position hiérarchique.
Madame Marcel, nous n'avons pas « racheté » International Power : il s'est agi, pour ainsi dire, d'une opération de fusion par le bas. Nous avons réuni nos activités de génération d'électricité hors Europe dans une société cotée. Comme nous en détenons 70 %, nous reprenons dans notre bilan consolidé l'ensemble d'International Power, si bien que nous aurons à la fois plus de dettes et plus de fonds propres, pour à peu près le même montant, soit 6 milliards. Aujourd'hui, notre bilan est le meilleur du secteur puisque les dettes n'y représentent que la moitié des fonds propres. Si l'on fait augmenter les dettes et les fonds propres pour le même montant, le ratio final sera légèrement moins bon. Nous procéderons à des cessions d'actifs pour corriger cet effet négatif de la fusion. Cela étant, nos cessions d'actifs ont représenté 10 milliards en trois ans, pour 40 milliards d'investissements au cours de la même période. C'est une respiration adaptée à l'activité du groupe.
S'agissant de GRTgaz, nous n'avons pris aucune décision à ce stade. Je précise que GDF-Suez détient actuellement 65 % des actions, contre 35 % pour l'État. La loi autorise l'arrivée d'actionnaires minoritaires, mais à condition que ceux-ci soient publics.