L'électricité est aujourd'hui vendue à 35 euros aux particuliers. Si l'on veut introduire de la concurrence tout en vendant aux concurrents à un prix supérieur à 35 euros, et a fortiori à 42, cela ne peut fonctionner !
Je n'ai jamais critiqué la structure de la loi NOME qui sanctuarise le parc industriel d'EDF, mais il faut que le tarif de l'ARENH nous permette de créer de la concurrence. Si l'électricité est accessible au même prix, la différenciation se fera, entre autres, sur la qualité du service et sur la relation avec la clientèle. En revanche, un prix fixé à 42 euros entraînerait forcément une hausse. Nous n'achèterons pas à 42 pour revendre à 35 !
J'ai bien saisi votre allusion, monsieur Brottes, lorsque vous avez parlé de « groupe franco-belge ». J'aime cependant à rappeler que nous avons plus de salariés qu'EDF en France et que nous créons beaucoup plus d'emplois dans notre pays. Nous sommes fiers d'avoir une base forte en Belgique avec 20 000 salariés, mais il y en a 107 000 en France. Nous assumons pleinement notre présence belge. Cela étant, nous sommes majoritairement un groupe français.
Pour ce qui est du mix énergétique mondial, la production de pétrole va atteindre son pic. Les réserves sont estimées à quarante ans, peut-être à un peu plus. Pour le gaz, les données ont changé avec le gaz non conventionnel qui fait presque doubler l'estimation de soixante-dix ans concernant les réserves. Le gaz naturel sera donc l'une des grandes énergies du XXIe siècle, une énergie abondante et largement plus propre que le pétrole et le charbon. On dit souvent que le remplacement de toutes les centrales à charbon par des centrales au gaz permettrait à lui seul d'atteindre les objectifs du « 3 × 20 ».
La France n'a ni gaz, ni pétrole, ni charbon, et l'Europe se retrouvera dans la même situation au cours du XXIe siècle. Nous devons donc nous préoccuper de sources d'énergie autonomes, comme le nucléaire et le renouvelable. L'Europe étant le plus gros consommateur au monde, devant la Chine et les États-Unis, elle doit aussi organiser son approvisionnement. En la matière, la sécurité repose sur la diversification. Ce qu'il faut éviter, c'est la dépendance à l'égard d'un seul fournisseur.
Soit dit en passant, la Russie, que l'on a souvent stigmatisée, est un bon partenaire. Elle fournit la France – à travers Gaz de France puis GDF-Suez – depuis plus de 30 ans. Nous avons fêté cet anniversaire l'année dernière avec Gazprom et les autorités russes. La seule interruption que nous ayons connue dans cette période s'est produite en janvier 2009, lors du conflit avec l'Ukraine. Nous avons eu ainsi l'occasion de tester en grandeur nature, au bout de six mois d'existence seulement et par un temps très froid, l'un des objectifs de la fusion entre GDF Suez : la sécurité d'approvisionnement. Or, pendant ces trois semaines d'interruption totale de l'approvisionnement russe, aucun Français n'a manqué de gaz.
La fusion a en effet permis d'ajouter aux sources d'approvisionnement classiques de Gaz de France, où la part de la Russie était de 25 %, celles de Suez, où la Russie était quasi-absente. Aujourd'hui, l'approvisionnement russe représente 15 %. Lorsqu'il a manqué, nous avons pu compenser grâce aux réserves stockées sous terre mais aussi grâce au GNL – gaz naturel liquéfié –, qui est une source de flexibilité, et à l'activation des autres fournisseurs.