Ne nous trompons pas : le marché est mondial. Il va s'installer 21 000 mégawatts par an dans les quinze prochaines années. Si la France est capable de produire des cellules photovoltaïques compétitives dans ce marché mondial, elle aura une industrie photovoltaïque ; dans le cas contraire, elle n'en aura pas. Que cette industrie soit basée ici ou là ne change rien. Il nous faut donc la technologie ! C'est la seule solution pour que la France ait une industrie photovoltaïque, l'énergie de l'avenir !
J'entends beaucoup de critiques sur EDF, mais c'est le seul grand groupe français depuis 2006 qui ait accepté de travailler avec Photowatt. Notre drame, c'est notre incapacité à attirer avec nous un industriel français de référence. Le seul à avoir acheté 30 mégawatts de modules Photowatt, à avoir investi 40 millions dans la recherche et développement de PV Alliance, c'est le groupe EDF-EN–EDF-ENR. Le rapport Charpin l'a également souligné.
Un panneau photovoltaïque est garanti à peu près vingt-cinq ans. M. Cochet a sur son toit un panneau Photowatt qui date de 1991. C'est cela, le nerf de la guerre. La filière photovoltaïque existe en France depuis trente ans. Pourquoi entend-on encore dire qu'il n'y en a pas ? C'est la faute de Photowatt, qui a été incapable de communiquer. C'est aussi la faute de certains de ses petits camarades qui essayent de nier depuis des années que Photowatt est un fournisseur intégré – ce qui veut dire qu'il est capable de produire aussi bien du silicium que des plaquettes ou des cellules, bref d'assumer toutes les petites étapes de fabrication. C'est une pépite. Il n'y en a qu'une comme cela en France, et deux en Europe. Si Photowatt disparaît, une grande partie du savoir-faire connaîtra le même sort : les laboratoires de recherche resteront, mais pas les ouvriers, les techniciens, les agents de maintenance, les apprentis formés pendant trois ans sur les machines compliquées. Tout cela disparaîtra.
Pour ce qui est des déclarations de Jean-Louis Borloo, je travaille depuis dix-huit mois à trouver avec les ministères des solutions pour pérenniser Photowatt. M. Borloo et son directeur de cabinet étaient très déterminés à aider, dans le respect, bien sûr, des règles concurrentielles. Nous étions quasiment arrivés à trouver des solutions nous permettant de passer le cap des technologies homojonction, le temps de développer avec le CEA et EDF de bons procédés industriels pour l'hétérojonction. Tout cela est maintenant compromis. La Caisse des dépôts a fait ce qu'elle a pu, malgré des réticences importantes dans d'autres parties de l'État, mais aujourd'hui le moratoire balaie une grande partie de ces efforts. Je suis déterminé à recommencer. Je dois convaincre l'État d'investir à nos côtés, dans le cadre du grand emprunt par exemple, dans les technologies.
Je ne suis pas d'accord avec ce qui vient d'être dit : le choix technologique doit se faire avec de nombreuses années d'avance. Ce sont des investissements colossaux. Le choix de l'hétérojonction vient d'une réflexion très mûre avec des gens plus compétents que nous – les services de recherche et développement des grands énergéticiens français. Nous sommes convaincus de ce choix, et d'autres que nous dans le monde aussi, mais il faut désormais financer la recherche et développement.
Photowatt ne demande pas de subventions pour elle-même, et n'a d'ailleurs aucun financement public dans ses comptes. Les aides publiques vont à PV Alliance ou au CEA. En revanche, c'est Photowatt qui créera les emplois. Si nous n'arrivons pas à convaincre de grands groupes français de travailler avec nous à ces technologies, nous devrons mobiliser l'État pour faire valoir notre point de vue.