Il s'agit donc d'un débat interne à la majorité.
Chacun a pu apprécier M. Bailly dans toutes les fonctions qu'il a assumées, mais il n'est pas l'heure de juger l'homme. Il en va différemment du projet et du contexte.
Nous n'avons été favorables ni à la manière dont les directives ont été transposées ni au changement de statut de La Poste. En revanche, nous l'avons été au changement de statut de la Banque postale – nous ne sommes donc pas hermétiques à toute évolution ! Reste que je ne regrette rien de notre opposition. Vous étiez venu ici, monsieur Bailly, nous expliquer avec une grande véhémence que le changement de statut de La Poste était urgent afin d'augmenter son capital et d'assurer l'avenir. Or non seulement l'État n'a provisionné au mieux que 300 millions d'euros, mais l'attitude de la Caisse des dépôts, à qui on avait forcé la main, est quelque peu flottante puisqu'elle annonce que la somme qu'elle injectera dans La Poste dépendra de la valeur des résultats atteints. Et l'État, de son côté, déclare qu'il ne mettra pas plus que la CDC ! Où était donc l'urgence, monsieur Bailly ? Je le répète : l'augmentation de capital n'a toujours pas eu lieu.
Par ailleurs, M. Estrosi s'est félicité que le fonds dédié aux points de contact augmente. Or, une telle augmentation est mécanique : plus vous supprimez des bureaux de poste de plein exercice, plus vous avez besoin de dépenser pour respecter l'engagement qui a été pris en matière d'ouverture d'agences postales ou de points de contact. Il s'agit d'un simple constat objectif, que vous ne contesterez pas.
La Poste fonctionnait très bien sous l'ancien statut. Quant à la Banque postale, elle a pu se montrer durant la crise la plus vertueuse des établissements financiers sans qu'il soit besoin d'un changement de statut. Elle a raison d'élargir ses métiers pour développer sa présence sur le territoire et augmenter son chiffre d'affaires. Nous vous donnons acte qu'elle refuse d'entrer dans le crédit revolving : c'est une excellente chose que la seule banque publique française donne l'exemple dans ce domaine !
Cette audition nous gêne : nous ne souhaitons pas tant juger l'homme que le projet avec lequel nous sommes en désaccord et que cet homme est obligé de porter, puisque telle est la mission que lui a confiée le Président de la République. Il ne faut pas mélanger les deux débats.
Nous notons en tout cas que le changement de statut n'a pas apporté d'argent au capital de La Poste : je pense même que La Poste a plus apporté au budget de l'État que celui-ci ne lui a apporté puisque, grâce à M. Devedjian, elle a été mise à contribution à hauteur de 500 millions d'euros pour le plan de relance. Vous tirerez les conclusions que vous voudrez mais ce fait confirme que le changement de statut n'était pas indispensable.