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Intervention de Anne Lauvergeon

Réunion du 14 décembre 2010 à 18h00
Commission des affaires économiques

Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'AREVA :

Il a été décidé le 30 juin 2009, après une mission confiée à Jean-Cyril Spinetta, nouveau président du conseil de surveillance d'AREVA, de lancer un plan pour nous permettre de faire face à nos investissements. Ce plan comportait deux volets, l'un interne à l'entreprise et l'autre dépendant de l'État actionnaire. Le premier volet a été entièrement réalisé – nous sommes même allés au-delà : 5,5 milliards d'euros ont été rendus liquides. De son côté, l'État a convaincu des investisseurs de s'intéresser au capital d'AREVA. Il s'agit du fonds souverain du Qatar, du fonds souverain du Koweït et de MHI. Le troisième a été reporté ; par ailleurs, les demandes financières du Qatar ne correspondaient pas vraiment à ce que souhaitait l'État ; cela se fera donc avec le Koweït. Vous me demandez si un deuxième tour est nécessaire. Nous n'avons aucun problème de liquidité aujourd'hui, et nous n'en aurons pas dans les années à venir – je le dis sous le contrôle de notre directeur financier, qui vient d'être nommé par ses pairs directeur financier de l'année. Nous avons lancé trois emprunts obligataires et nous n'avons pas de dette majeure à rembourser avant 2016. Nous n'avons donc pas de problème aigu, même en cas de turbulences sur les marchés financiers. Notre note de crédit S&P risque néanmoins d'être dégradée, puisque l'augmentation de capital prévue par l'État n'est pas intégralement réalisée. L'entreprise ne peut pour autant passer son temps à élaborer des business plans à l'intention d'éventuels investisseurs… Ce qui va se passer dépend de l'État actionnaire – et non de moi. C'est l'État qui a choisi les actionnaires, même s'il nous appartenait de les convaincre. À lui de décider de la suite !

Vous me parlez de pôle minier à la française. Il y a une dizaine d'années, nous peinions à convaincre notre pays que l'énergie était éminemment stratégique. Aujourd'hui, c'est clair pour tout le monde. Même chose pour les matières premières – voilà pourtant des années que je prêche dans le désert ! L'uranium – mais pas seulement lui – est stratégique : ce sont les réserves énergétiques de demain. On assiste depuis dix ans à une consolidation minière mondiale, avec la création de géants miniers comme Rio Tinto ou BHP. En France, il reste deux acteurs miniers : ERAMET et nous-mêmes. AREVA s'est hissé en 2009 au premier rang mondial des producteurs d'uranium. Nous sommes présents partout où il y a de l'uranium : au Canada ou au Niger, mais aussi en Namibie, en Afrique du Sud, au Gabon, en Centrafrique, en Australie, au Kazakhstan et en Mongolie. Nous détenons 26 % du capital d'ERAMET, ce qui est à la fois trop et pas assez – trop parce que c'est beaucoup d'argent, qui pourrait être investi ailleurs, et pas assez pour opérer une consolidation minière en France. En outre, nous sommes tous les deux présents dans un certain nombre de pays et il existe de vraies synergies entre nous. La constitution d'un pôle minier français – avec un contrôle public significatif – serait donc loin d'être absurde.

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