Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Bruno Le Roux

Réunion du 14 décembre 2010 à 15h00
Projet de loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Le Roux :

Je laisse s'installer le débat, lorsqu'il s'instaure sur l'inefficacité du Gouvernement, quand un parlementaire demande un commissariat depuis longtemps et un autre des effectifs. Monsieur le ministre, sur tous les bancs on s'accorde à reconnaître l'inefficacité de cette politique. Je l'ai constaté en laissant parler mes collègues !

Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, avait fait de la Seine-Saint-Denis un symbole de la lutte contre la criminalité. Aujourd'hui, tous les syndicats de police s'accordent pour juger aujourd'hui la situation explosive dans le département. Malgré toutes les annonces faites, nous n'avons aujourd'hui ni les effectifs, ni les matériels suffisants pour lutter contre l'insécurité.

Monsieur le ministre, les propos que vous avez tenus aux policiers condamnés en première instance, il y a quelques jours, sont particulièrement dramatiques s'agissant de la Seine-Saint-Denis. S'il y a bien un département où les forces de police accomplissent un travail comme on en voit rarement dans d'autres départements, c'est bien celui-là. Les policiers sont sur un terrain difficile. Ils sont insultés, quand ils sortent le matin, par une partie de la population. Leur comportement doit être absolument exemplaire dans ces lieux où le lien est le plus difficile à nouer.

Monsieur le ministre, si vous deviez soutenir des policiers, il fallait le faire ailleurs que dans ce département, où ils doivent être totalement irréprochables. Je ne comprends pas comment vous pouvez envoyer un signe de soutien à des policiers sur la décision de justice, telle qu'elle a été prononcée à Bobigny.

Dans ce département, les faits constatés par la justice étaient inqualifiables, injustifiables. Nous verrons comment cette affaire évolue en justice. Mais la police doit être irréprochable. Elle l'est en Seine-Saint-Denis. Mais elle est aussi bien souvent mise en position de faiblesse, en conséquence des dotations que vous lui accordez.

Lorsque l'on fait intervenir en situation sensible une seule voiture avec deux policiers à l'intérieur pour une opération de police secours, je le répète, on met les policiers en situation de connaître des problèmes et de se heurter à des difficultés.

Je souhaite, pour conclure, affirmer qu'il ne pourra pas y avoir de résultats sans que vous assumiez véritablement les statuts prioritaires que vous dites vouloir mettre en place.

Claude Bartolone l'a dit : 46 policiers supplémentaires aujourd'hui pour un bassin de 200 000 habitants ne permettent pas de répondre aux objectifs que vous assignez aujourd'hui aux BST. Les dix-huit policiers annoncés pour l'instant sur Saint-Ouen, sans que l'on sache s'il s'agit d'un redéploiement et où seront pris ces policiers, ne suffisent pas pour les missions que vous leur assignez.

Ce texte n'apportera pas de résultats tant qu'il n'y aura pas d'affectation prioritaire des effectifs dans les endroits qui concentrent le plus de délinquance. C'est un travail qui pourrait être fait, et obtenir un large accord sur tous les bancs, que d'établir une fois pour toutes une bonne répartition des effectifs, avec de vraies clés, publiques et transparentes, pour définir la concentration des moyens sur les endroits les plus difficiles.

Monsieur le ministre, nous vous demandons depuis longtemps qu'il soit procédé à ce travail. Nous avons l'impression que vous ne vivez que pour rédiger un dix-huitième, un dix-neuvième et un vingtième textes sur la sécurité. Je prends le pari que le vingtième texte, plus dur que les précédents, sera déposé dans quelques mois, à la veille des élections présidentielles... C'est là, pour l'instant, votre lecture de la question de l'insécurité. Une fois de plus, ce texte ne résoudra pas les problèmes que nous connaissons sur le terrain. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion