La LOPPSI ne comporte aucun élément qui traduirait une volonté de redéployer ces forces sur le terrain, aucune doctrine d'intervention nouvelle pour les forces de l'ordre.
Pire, vous annoncez que les unités territoriales de quartiers – créées il y à peine plus de deux ans – sont transformées en brigades spécialisées de terrain, ce qui ne sera pas qu'un simple changement de nom. Si nous avons bien compris, il s'agira en fait d'un dispositif à mi-chemin entre les unités qui existaient et les compagnies de sécurisation, et ces brigades devront désormais intervenir sur un périmètre plus large.
Autrement dit, le Gouvernement continue de privilégier une police de maintien de l'ordre à la façon des années soixante, avec des formes d'intervention superficielles, des forces de projection complètement extérieures aux cités, alors qu'il faudrait créer une véritable police de quartier pour occuper le terrain de façon pérenne et s'attaquer réellement à l'économie souterraine. Des opérations coup-de-poing éparses et médiatisées, avec d'ailleurs une publicité tout à fait contre-productive, ne remplaceront jamais une stratégie territoriale digne de ce nom.
Comme l'écrit Jean-François Herdhuin, ancien directeur départemental de la Seine-Saint-Denis : « Le coeur de l'organisation des services de sécurité devrait être l'échelon local [...] Aujourd'hui nous disposons d'une police d'état-major et de maintien de l'ordre. Tout est contrôlé de manière artificielle, sans considération pour les observations des chefs de circonscription et des commissariats, au détriment du traitement local de la délinquance. »
Et Jean François Herdhuin d'ajouter : « Je suis persuadé que, dans leur for intérieur, ceux qui sont aujourd'hui au pouvoir reviendraient volontiers à la police de proximité s'ils ne craignaient pas de se déjuger. »