Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Guy Teissier

Réunion du 7 décembre 2010 à 17h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuy Teissier, président :

Merci, monsieur le Président, pour cette analyse très complète.

La Cour ne me semble cependant pas échapper à un tropisme permanent pour le fonctionnement civil.

Pour moi, l'institution militaire est une institution à part. À force de voir « civiliser » ses services et ses modes de fonctionnement, de travail, voire ses relations sociales, notre défense finira par muter profondément, pour se rapprocher de ces armées qui, loin de pouvoir agir, se limitent désormais à défiler lors de manifestations officielles. Je suis très inquiet de cette évolution.

Par ailleurs le rapport soulève des points qui méritent attention.

Le coût de formation est prohibitif, nous dites-vous. Nous faisons confiance à votre analyse. Mais devrions-nous nous plaindre qu'au moins une école bénéficie de larges avantages pour former ses élèves, alors que partout ailleurs, ce ne sont que cris d'orfraies pour déplorer – à juste titre – insuffisance d'encadrement et de moyens ? À l'époque de la conscription, l'abondance d'encadrement était un peu l'apanage des grandes écoles militaires.

Vous avez eu raison de stigmatiser la tolérance envers les élèves qui rompent leur contrat et qui, trop souvent, ne se voient pas imposer le remboursement de leur formation. Cependant, cette indulgence n'aurait-elle pas pour origine l'affectation des remboursements des familles au Trésor public ? Si, au contraire, les reversements allaient au ministère de la défense, peut-être celui-ci y serait plus attentif.

Vous avez également signalé que seule une part réduite des médecins militaires part en opération à l'étranger. L'une des raisons de cette situation n'est-elle pas la rapide féminisation de cette profession ? Il est extrêmement difficile pour la hiérarchie militaire d'aller exposer en Afghanistan une mère de famille, même si elle a choisi le métier de soldat. Elle préférera envoyer en OPEX des médecins hommes, les femmes recevant plus facilement des affectations de médecins d'unité.

Le personnel non médical est-il vraiment en surnombre ? En tant que Marseillais, je connais bien l'hôpital Laveran. Or, pour ce que j'en sais, il est très bien classé en matière de propreté et de maladies nosocomiales. Est-ce dû aux effectifs en personnel, ou bien à une conscience professionnelle aiguë qui aurait pour origine le statut militaire ?

Cet hôpital – je connais moins celui de Sainte-Anne – rend aussi un vrai service public : non seulement, comme vous l'avez souligné, il est ouvert à l'ensemble de la population civile, mais, il prend un tour de garde pour les urgences au même titre que les hôpitaux de l'Assistance publique de Marseille. Dans le quartier difficile où il est situé, le travail ne manque pas.

Par ailleurs, tous ne considèrent pas, comme vous semblez le faire, l'exemple anglais comme une réussite. Les Britanniques nous rendent visite aujourd'hui pour étudier comment nous avons pu maintenir un service de santé aussi opérationnel et compétent dans une armée de métier. Ils reconnaissent désormais avoir commis une erreur en démantelant un service de santé qui était assez proche du nôtre.

Le nombre de consultations est trop faible, nous avez-vous aussi dit. Un médecin commandant rencontré à Abéché, au Tchad – et donc, il est vrai, en opération – me disait pourtant donner entre 45 et 50 consultations par jour, à l'exception du seul dimanche. Je veux bien admettre que cette réalité n'est pas forcément celle d'un médecin militaire de régiment dans une ville de garnison.

Vous avez aussi eu raison de souligner que les militaires avaient désormais le droit de se tourner à leur guise vers les médecins et les hôpitaux soit militaires soit civils. Peut-être aurait-il fallu en rester à l'épure ancienne, où un militaire ne pouvait consulter qu'auprès d'un médecin militaire.

Plusieurs députés ici présents sont eux-mêmes médecins. Certains, réservistes actifs, consacrent une partie de leurs vacances à dispenser des soins sur des théâtres d'opérations. Ils vous donneront eux aussi sans doute leur sentiment sur la situation.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion