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Intervention de Vincent Pomarède

Réunion du 1er décembre 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Vincent Pomarède, directeur du département des peintures du Musée du Louvre :

Pour ce qui est des réserves, la disparité très grande de ces dernières ne permet pas de régler le problème de manière unique. Entre les réserves de peinture dont j'ai la responsabilité, et qui sont assez simples aussi bien à gérer qu'à déménager – on y compte au musée du Louvre autour de 2 000 oeuvres sur les 7 000 que nous conservons –, et les réserves des antiquités orientales qui représentent à peu près 100 000 objets, qui vont pour la plupart du tesson au fragment de sculpture, la gestion est complètement différente, même si pour les professionnels il s'agit de lieux d'étude et non pas seulement de lieux de stockage.

S'agissant de la crue centennale, M. Bélaval a parlé du projet de Cergy-Pontoise. Pour autant, la question de ce risque ne sera réglée pour le musée du Louvre qu'avec l'externalisation des réserves en sous-sol, prévue à 100 % par M. Henri Loyrette. Comme l'évacuation n'interviendra que dans quelques années, nous avons élaboré un plan d'évacuation réactualisé en permanence qui comprendra des tests en 2011 afin de simuler en grandeur réelle ce que représenterait l'évacuation des oeuvres en cas d'inondation.

Concernant les acquisitions, je fais mienne l'observation de M. Pacquement à propos des moyens. Si le musée du Louvre consacre 20 % de ses droits d'entrée aux acquisitions, les dispositifs fiscaux intervenus en 2003 nous ont cependant permis d'acquérir des oeuvres pour des sommes que nous n'aurions jamais pu parvenir à réunir dans le passé – je pense à « La fuite en Égypte » de Nicolas Poussin, tableau, déjà évoqué, acquis pour 17 millions d'euros, ou encore au « Portrait du comte Molé » par Ingres obtenu pour 19 millions d'euros. La crise économique rend aujourd'hui l'exercice plus difficile, ce qui oblige, pour parvenir à mobiliser des partenaires privés, à effectuer un travail sur le long terme. Aujourd'hui, il ne s'agit plus seulement de demander de l'argent aux entreprises, mais de tisser avec elles des liens de partenariat très fort en les intégrant au quotidien à la vie du musée, ce qui donne d'ailleurs des résultats plus tangibles que des actions ponctuelles.

Quant au coût des expositions, il arrive que les musées nationaux, comme le fait parfois le musée du Louvre, acceptent – à partir du moment où les conditions de sécurité et de conservation sont réunies – une dispense d'assurance des oeuvres non pendant les transports, mais pendant la durée de l'exposition. Tel est le cas dans un contexte de partenariat privilégié.

Pour ce qui concerne les risques que peuvent courir les oeuvres durant les prêts, tout processus de prêt implique en amont l'établissement de constats d'état très précis avant le départ du Louvre, à l'arrivée sur le lieu d'exposition, au départ de ce dernier et lors du retour, sachant que des bases de données permettent de suivre l'histoire de l'oeuvre au fur et à mesure des expositions permettant ainsi de savoir si, éventuellement, elle a pu souffrir d'avoir été prêtée.

S'agissant des moyens humains, l'inquiétude exprimée par Henri Loyrette à différentes reprises n'est pas tant liée à la RGPP – le Louvre trouve normal de participer à l'effort de la nation –, qu'à l'ouverture de salles nouvelles et à la pyramide des âges.

Qu'il s'agisse en effet des salles intéressant les arts islamiques ou les objets d'art du XVIIIe siècle ou, avec le plan Louvre 2020, des nouvelles salles françaises – ce que l'on appelle « l'aile sud-sud » –, toutes demanderont, en termes de gardiennage, des effectifs supplémentaires.

Par ailleurs si notre pyramide des âges est un peu meilleure qu'au Centre Pompidou, 50 % des conservateurs partiront à la retraite dans les trois ans au sein des départements des sculptures et des antiquités orientales. Plus que le remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, c'est la difficulté à assurer en permanence des remplacements au sein de spécialités rares qui pose problème. En effet, remplacer trois conservateurs spécialisés dans le domaine des antiquités orientales est quelque chose de très difficile car peu de formations couvrent cette discipline en France, ce qui implique de s'y prendre longtemps à l'avance en liaison avec l'université et l'École du Louvre.

Pour le musée du Louvre comme pour les autres il n'y a pas de grands et de petits musées, mais, d'abord, des projets. Ce sont ces projets d'exposition qui nous font nous engager auprès de la ville de Figeac ou de Blaye, par exemple, sans oublier les liens humains qui se tissent entre professionnels et qui leur donnent envie de travailler ensemble en confiance. C'est là tout le travail qu'effectue au Louvre le service du récolement des dépôts.

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