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Intervention de Alain Seban

Réunion du 1er décembre 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Alain Seban, président du Centre Pompidou :

Le Centre Pompidou ayant une pyramide des âges défavorable, qui se traduira par un taux de départs à la retraite élevé dans les années à venir, l'application de la RGPP, c'est-à-dire de la norme du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux, aurait posé de graves difficultés à l'établissement. C'est la raison pour laquelle les tutelles – ministère de la culture et de la communication et ministère du budget – ont introduit un plafonnement des suppressions d'emplois à 1,5 % de l'effectif, soit, pour la période 2010-2013, 67 emplois sur un effectif total autorisé en équivalent temps plein d'environ 1 100. Il s'agit d'un effort significatif, mais qui pour autant n'est pas insurmontable dès lors que l'établissement se réorganise en identifiant les activités qu'il ne lui est pas prioritaire d'exercer en interne – standard, reprographie,... – et les compétences qu'il souhaite préserver, en particulier dans le domaine scientifique où elles sont remplacées en nombre égal, car en la matière toute déperdition de substance intellectuelle serait regrettable.

Mettre en oeuvre une telle politique implique de disposer d'une visibilité sur un horizon temporel suffisant – le fait de disposer d'une visibilité triennale est à cet égard précieux – afin de se réorganiser, par exemple par un accompagnement des agents voire par des reconversions professionnelles, plutôt que de supprimer des postes au gré des départs à la retraite.

Par ailleurs, nous restituerons à l'État l'an prochain 5 % de notre subvention de fonctionnement, c'est-à-dire 3,6 millions d'euros, soit à peu près le tiers de la progression des ressources propres que nous avons réalisées en trois ans. Connaissant la situation des finances publiques, nous abordons ce nouveau défi avec un esprit civique en poursuivant l'effort de dynamisation de nos ressources propres.

Dans un contexte de contrainte durable des moyens financiers et humains, le développement des musées qui sont, comme l'a rappelé Mme Labourdette, des organismes vivants, ne peut raisonnablement reposer que sur des partenariats extérieurs tant français qu'étrangers et tant privés que publics. Tel est le cas pour le Centre Pompidou-Metz, financé pour l'essentiel par des collectivités territoriales, ou encore pour le Centre Pompidou mobile dont le mécénat assure l'investissement et les partenaires locaux le fonctionnement. Un tel choix protège la capacité de développement de l'établissement et répond au nouveau contexte difficile du mécénat : l'Association pour le développement du mécénat industriel et commercial (Admical) vient ainsi de relever une baisse du mécénat culturel de 20 % sur les deux dernières années. S'il n'en a pas été ainsi pour le Centre Pompidou, il n'en reste pas moins que les mécènes veulent aujourd'hui de plus en plus participer à des projets qui ont non seulement une dimension culturelle, mais également une résonance sociale et éducative répondant au concept de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Nos projets de développement, parce qu'ils permettent d'aller à la conquête de nouveaux publics, de diffuser plus largement notre collection sur le territoire, répondent à ces préoccupations.

Par ailleurs, si la fréquentation constitue un élément significatif des ressources propres du Centre Pompidou – les recettes de billetterie représentent à peu près 10 millions d'euros sur un total de recettes propres d'une trentaine de millions –, il convient néanmoins de ne pas opposer ce paramètre à notre capacité à présenter des expositions difficiles, à prendre des risques voire à proposer la gratuité. Pour la première fois depuis 2000, le musée et les expositions temporaires ont accueilli plus de 3 millions de visiteurs – 3,5 millions exactement en 2009, soit plus 36 % – et devraient dépasser à nouveau largement le chiffre de 3 millions en 2010. Cette augmentation très forte de notre fréquentation, qui reflète selon moi une tendance de fond, profite d'ailleurs plus aux expositions d'art contemporain ou d'architecture, dont les visiteurs ont doublé sur la même période, qu'aux expositions historiques réputées plus faciles. Ce résultat tient en partie à la politique de billet unique que nous mettons en place : avec l'ouverture de l'exposition Mondrian, le billet d'entrée au Centre Pompidou, qui coûte 12 euros, donne ainsi accès aux collections permanentes et à cette exposition temporaire. Toutes les études confirment qu'une telle ouverture incite nos visiteurs à découvrir des expositions pour lesquelles ils n'étaient pas nécessairement venus.

Concernant le numérique, le propre de l'expérience du musée, ainsi que M. Bélaval l'a souligné, est de permettre le contact avec l'oeuvre originale. Un tel contact est irremplaçable, et la notion de musée virtuel est antinomique de la notion même de musée. En revanche, on n'insistera jamais assez sur le fait qu'un musée ce sont aussi des savoirs qui doivent être disponibles sur internet. Tel est la raison du site internet « Centre Pompidou virtuel » qui sera lancé l'année prochaine et qui sera aussi une incitation à développer ce qui fait la force des musées français, c'est-à-dire la qualité de leur effort de recherche et l'investissement scientifique des équipes de conservation.

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