Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Marie-Christine Labourdette

Réunion du 1er décembre 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Marie-Christine Labourdette, directrice, chargée des musées au ministère de la culture et de la communication :

Pour conclure ces propos liminaires, je rappellerai trois idées.

La première est qu'on ne prête bien et qu'on ne dépose bien que ce que l'on connaît. La nécessaire connaissance des collections passe donc par le récolement de celles-ci. La Commission du récolement des dépôts d'oeuvres d'art, présidée, après Jean-Pierre Bady, par Jacques Sallois, travaille sur l'ensemble des dépôts que l'État a fait auprès d'un certain nombre d'institutions en région ou à l'étranger, notamment dans les ambassades. Tous les musées de France ont par ailleurs, depuis la grande loi de 2002 sur les musées de France, l'ardente obligation de réaliser, d'ici à 2014, un récolement décennal. Dans ce cadre, le rapprochement de l'ensemble des inventaires des musées, dépositaires et déposants, permettra d'identifier clairement ce qu'il en est. Il faut savoir que, lorsque l'on parle de collections nationales, on désigne celles d'à peu près 49 musées nationaux, dont 38 sont placées sous l'autorité du ministre de la culture, mais qu'il y a aussi 1 200 musées de France, qui ont chacun leur collection. S'il y a des collections nationales, il y a plus globalement des collections publiques, et les musées de France peuvent travailler et échanger entre eux en dehors du périmètre des musées nationaux.

La deuxième idée est que le musée est un organisme vivant. On travaille toujours sur une dialectique de quatre éléments pour définir un musée : des collections – qu'elles existent par elles-mêmes ou qu'elles aient été déposées par l'État ; un propos scientifique sur ces collections ; une mise en valeur des oeuvres pour les rendre accessibles au public ; enfin, des bâtiments adaptés à la conservation, à la présentation et à la valorisation de ces oeuvres. À ce stade, la mobilisation des collectivités locales et le soutien de l'État sont très importants.

Avec ces quatre éléments, on a un « musée de France ». On doit donc s'interroger sur la manière dont certaines collections répondent au propos scientifique et sur la façon dont le musée va pouvoir évoluer et s'adapter. Ainsi, le musée des musiques populaires de Montluçon, qui rouvrira dans dix-huit mois environ, bénéficiera de la part du MuCEM, musée national qui ouvrira ses portes à Marseille en 2013, d'un important dépôt de 173 instruments de musique. Ces derniers viendront enrichir le propos scientifique du musée de Montluçon de manière finalement très neuve par rapport aux collections dont il pouvait disposer.

La troisième idée est de parvenir à une politique de prêts et de dépôts qui corresponde à de véritables partenariats entre le musée déposant et les musées dépositaires, partenariats évolutifs dans le temps, dans les thématiques et dans les procédures.

Le directeur général des patrimoines a évoqué l'importance des transferts de propriété concernant les oeuvres déposées avant 1910. Il ne s'agit pas du tout d'oeuvres secondaires, puisque certaines villes comme Toulouse, Lille, Amiens, Rouen, Dijon, Tours, Nancy et Saintes, etc. ont bénéficié du transfert d'oeuvres importantes : six Delacroix, deux Mantegna, sept Pérugin, deux Nicolas Poussin, six Rubens, deux Tintoret et trois Véronèse. Il faut voir là une politique délibérée de reconstitution de collections pouvant apparaître, ainsi que le soulignait M. Badetz, comme identitaires.

L'État accompagne par ailleurs des dépôts très particuliers. Vincent Pomarède aurait ainsi pu évoquer le cas remarquable du dépôt, auprès du musée des Beaux-arts de Lyon, du tableau de Nicolas Poussin « La fuite en Égypte ». Le Louvre a mis en effet à la disposition de ce grand musée de province son poids médiatique et son réseau de mécénat pour que cette oeuvre, l'une des plus chères mises sur le marché – 17 millions d'euros – puisse rejoindre ses murs dès qu'elle serait entrée dans les collections nationales. C'est dire que les procédures de travail entre les musées nationaux et les musées de France territoriaux sont extrêmement variées, comme ont d'ailleurs pu le souligner les représentants des musées nationaux ici présents.

S'agissant de la dynamique de la politique de prêts en matière d'expositions, si 50 % des prêts des musées nationaux concernent les musées français, 50 % sont à destination de l'étranger. Les oeuvres sont très sollicitées, ce qui suppose de faire un choix, en permanence, entre les différentes demandes.

Enfin, un travail très important est accompli autour des expositions reconnues d'intérêt national par le ministère de la culture en raison de la très grande qualité de leur propos scientifique et de la remarquable politique des publics mise en oeuvre. Tous les musées, qu'ils soient nationaux ou territoriaux, doivent évidemment conformer leur action à cette phrase d'André Malraux : « Mettre à la disposition du public les plus grandes oeuvres de l'esprit ».

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion