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Intervention de Vincent Pomarède

Réunion du 1er décembre 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Vincent Pomarède, directeur du département des peintures du Musée du Louvre :

Je tiens avant tout à vous présenter les excuses d'Henri Loyrette, président-directeur du Louvre, qui n'a pas pu se joindre à nous ce matin. Retenu par le comité de pilotage du Musée du Louvre-Lens, il travaille en ce moment même sur ce dossier avec Daniel Percheron et les élus de la région Nord-Pas-de-Calais, particulièrement sur la question des statuts du futur musée.

Cette coïncidence de calendrier me permet ainsi de mettre l'accent sur ce projet du Louvre-Lens, qui va mobiliser les équipes du musée au cours des prochaines années et qui sera le début d'une histoire entre une région, une ville et notre musée.

Ce projet a été engagé après la décision de Jean-Pierre Raffarin, en 2005, de choisir la ville de Lens pour accueillir le musée. Depuis, nous avons travaillé avec les équipes de la région et de la ville sur ce projet qui entre dans sa phase finale puisque son inauguration est prévue le 4 décembre 2012 – le jour de la Sainte-Barbe, patronne des mineurs. Il nous reste donc deux ans pour terminer la construction du musée, dont les travaux avancent très rapidement.

Ce projet est une chance pour la région Nord-Pas-de-Calais et la ville de Lens pour qui ce projet constitue un levier important sur les plans culturel, pédagogique, mais également social, économique et touristique. Mais ce projet, du fait de sa nouveauté, est également une chance pour le musée du Louvre. C'est en effet la première fois que nous construisons un musée avec des partenaires territoriaux – nous avons plutôt l'habitude, dans le palais historique qui est le nôtre, des rénovations.

Ce projet, qui fait par ailleurs naître de nombreuses interrogations au sein de nos équipes et qui remet parfois en cause certaines habitudes de travail ou certains découpages scientifiques retenus depuis parfois deux siècles, a une triple finalité.

La première tient à l'implantation du Louvre, comme tous les musées nationaux, dans la capitale. Musée de la Nation, sa présence à ce titre sur le territoire est obligatoire. Nous avons donc pensé, et les élus de la région Nord-Pas-de-Calais nous ont suivis, qu'il serait intéressant de débuter une histoire avec une région avec laquelle nous entendons entretenir des liens forts sur le long terme, presque des liens intimes.

La deuxième finalité du projet est de pouvoir faire en dehors du Louvre ce que nous ne pouvons faire dans le cadre du palais. Car si les visiteurs se déplacent autant pour le bâtiment historique que pour les collections, il nous confronte à certaines contraintes et nous oblige à des choix historiques. Par exemple, la présentation de l'histoire des arts par département et par technique est un choix contraignant. Le Louvre-Lens nous permettra d'envisager d'autres manières de présenter les oeuvres, notamment en cassant les chronologies, en les abordant de manière thématique ou en comparant les collections entre elles.

Le Louvre-Lens sera divisé en deux grandes ailes, dont l'une sera consacrée aux expositions temporaires, d'une durée de trois à quatre mois. La première de celles-ci, l'exposition « Renaissance », présentera exclusivement des oeuvres du musée du Louvre, qui prêtera à cette occasion 250 oeuvres. Pour les suivantes, dont la programmation est en cours, nous serons amenés à emprunter des oeuvres du monde entier.

L'autre aile, nommée pour l'instant « l'aile des collections », recevra des prêts de longue durée du musée du Louvre, en respectant deux obligations fortes : d'une part, tous les départements seront concernés et participeront de manière égale, et, d'autre part, le musée devra prêter des oeuvres importantes et pas uniquement des pièces issues des réserves.

Cette aile comportera trois parties : la première, la « Galerie du temps », présentera l'histoire des arts depuis l'antiquité jusqu'en 1848 en mettant en exergue les aires géographiques concernées, ce qui représentera environ 220 oeuvres. La grande majorité de ces oeuvres seront prêtées pour cinq ans. La deuxième partie de l'aile, le « Pavillon de verre », qui comportera environ 80 oeuvres, sera un lieu d'exposition thématique. Quant à la troisième partie, elle sera un parcours de retour permettant de « contextualiser » les oeuvres en expliquant leur valeur d'usage.

Le Louvre-Lens représente un véritable effort pour le musée, mais nous nous attachons à l'accompagner d'une politique de médiation culturelle, d'une politique didactique et pédagogique extrêmement développée, tout en faisant profiter la région Nord-Pas-de-Calais d'un apport touristique. Car nous espérons surtout que ce musée, dont la fréquentation est évaluée à 550 000 visiteurs, attirera un public de proximité et les habitants de la région.

La troisième finalité de ce projet, auquel les équipes du musée sont très attachées, est de nous amener à réfléchir à notre avenir et à rechercher un équilibre dans trois domaines.

Tout d'abord, le choix de présenter des oeuvres qui sont en salle plutôt qu'en réserve nous oblige à trouver un équilibre entre les oeuvres prêtées au Louvre-Lens et celles qui restent à Paris de manière que les visiteurs, étrangers ou habitués, ne souffrent pas de l'absence de certaines oeuvres. Nous réfléchissons donc à la durée des prêts.

Nous voulons ensuite poursuivre notre politique de prêt. Le musée du Louvre prête chaque année plus d'un millier d'oeuvres à des expositions, dont 60 % en France et 40 % à l'étranger. Et nous souhaitons continuer à organiser des expositions, en région et à l'étranger – je pense aux accords de partenariat que nous avons passés avec des villes de taille diverse comme Autun, Arles, Reims, Lyon, qui font l'objet de conventions.

Enfin, notre accord avec la région Nord-Pas-de-Calais ne nous empêchera pas de poursuivre notre politique de dépôt.

Ces trois exigences impliquent une grande rigueur dans la gestion des collections.

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