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Intervention de Dominique Viéville

Réunion du 1er décembre 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Dominique Viéville, directeur du musée Rodin :

La question des dépôts m'amène à évoquer deux projets du musée Rodin.

Le premier a trait au dépôt à Calais, en 2008, de 23 oeuvres issues de nos collections, relatives à l'élaboration du Monument aux bourgeois de Calais, dans le cadre d'un partenariat ancien entre le musée et la Ville de Calais. Outre l'importance de l'oeuvre, ce dépôt a donné lieu à une convention entre nos deux institutions et à la relance d'un partenariat en vue de présenter des expositions ou des expositions-dossiers, ce qui suppose le prêt pendant une période de cinq ans d'oeuvres issues des collections du musée Rodin.

Ce dépôt est important pour nous dans la mesure où il acte un partenariat dans le cadre d'une politique de décentralisation. Car c'est bien à la Ville et au musée de Calais que reviennent les initiatives en matière de conception et de réalisation d'expositions pour lesquelles le musée Rodin pourrait être prêteur et collaborateur scientifique en vue de l'élaboration du catalogue.

Le second projet, situé à Salvador de Bahia, est issu d'une convention passée en 2002 entre le ministre de la culture et de la communication français et son homologue de l'État de Bahia. Cette convention a donné lieu, en 2009, au dépôt de 62 oeuvres du musée de Paris à un nouveau musée Rodin, construit dans un bâtiment rénové et mis aux normes par l'État de Bahia. La convention précise que le dépôt résulte d'un accord commun autour d'un projet scientifique et culturel instruit par le musée Rodin de Bahia et prévoit la mise en place au sein de ce musée d'une direction scientifique. Le dépôt est acté pour une durée de trois ans, à l'issue de laquelle un bilan sera fait du partenariat culturel en vue d'éventuels échanges et de l'organisation de manifestations communes et de journées d'études.

J'insiste sur ce partenariat et sur le fait que si cette convention a été signée, c'est qu'elle a été précédée d'une politique, menée par le musée Rodin avec un certain nombre de villes du Brésil, qui a permis de présenter plusieurs expositions : celle de Rio de Janeiro en 1995, qui a attiré plus de 200 000 visiteurs, celle de San Paolo en 1995, qui a enregistré plus de 150 000 visiteurs, et celles de Recife, de Salvador de Bahia et à nouveau de San Paolo.

Au Brésil comme sur le territoire français, les expositions précèdent généralement les partenariats, de la même manière que les expositions hors les murs du Centre Pompidou ont précédé la création du Centre Pompidou-Metz. L'expérience « Les Beffrois de la Culture » organisée par la région Nord-Pas-de-Calais en 2004, à laquelle ont participé les musées qui sont représentés ici, est à ce titre exemplaire. Il s'agissait de douze expositions, organisées dans le respect des normes de conservation et de sécurité, présentées dans des villes ne possédant pas de musée. Ces présentations ont donné lieu à la publication d'un catalogue et ont enregistré une fréquentation importante de plus de 100 000 personnes.

J'insiste sur ce point : les expositions, qui sont des opérations de partenariat avec les collectivités locales ou territoriales – régions, villes, départements – précèdent de véritables opérations de décentralisation.

Cette politique d'expositions et de diffusion est l'une des deux missions principales du musée Rodin, l'autre étant la conservation des collections et des oeuvres. Elle s'inscrit dans le projet scientifique et culturel du musée, dans le contrat de performances du musée et dans le projet annuel de performances du ministère de la culture : il s'agit ici d'encourager les initiatives culturelles locales et de développer les liens entre la politique culturelle de l'État et celle des collectivités territoriales.

En 2009 et 2010, le musée Rodin a organisé une exposition hors les murs à Angers et à Amiens sur le thème du portrait, « La fabrique du portrait ». L'exposition « Matisse & Rodin », en coproduction avec la ville de Nice, fut une grande réussite – elle fut présentée d'abord à Nice dans un souci de décentralisation. Et je pourrais citer d'autres exemples comme l'exposition « Rodin et les arts décoratifs », présentée à Évian en 2009.

Le musée a également organisé une exposition en Espagne, avec dix villes espagnoles, en collaboration avec la Fondation de la Caixa, qui joue le même rôle qu'un organisme public. Cette expérience s'inscrit dans la politique des oeuvres sociales de la Fondation de la Caixa. Depuis 2007, dans le cadre du programme « Arte en la calle », le musée Rodin présente, trois à quatre fois par an et dans de bonnes conditions de sécurité et de conservation, sept oeuvres monumentales. Cette expérience a attiré environ trois millions de personnes.

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