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Intervention de Philippe Bélaval

Réunion du 1er décembre 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Philippe Bélaval, directeur général des patrimoines au ministère de la culture et de la communication :

En qualité de responsable, sous l'autorité du ministre de la culture et de la communication, de la politique nationale patrimoniale, je tiens à souligner le bien-fondé d'une table ronde sur la gestion des collections. La politique de prêt et de dépôt est une composante essentielle de la politique nationale des musées telle que l'État entend la poursuivre. Or, la politique nationale des musées ne se résume pas à créer de nouveaux établissements – à ce titre nous avons plusieurs projets en cours, dont le plus important est le MuCEM à Marseille – ni à accompagner l'investissement des collectivités territoriales en faveur de leurs musées, objet du plan Musées que le ministre a annoncé en septembre. La politique nationale des musées consiste à promouvoir une gestion des collections qui permette au plus grand nombre d'y accéder.

Même s'il faut réfuter la légende selon laquelle des dizaines de milliers d'oeuvres de grande valeur ou d'un grand intérêt dormiraient dans les réserves des musées, il n'en demeure pas moins que la gestion des collections des musées les plus importants permet d'alimenter et de compléter, à la faveur d'opérations ponctuelles, les collections de musées de taille plus réduite, ce qui leur permet d'enrichir leur projet scientifique et culturel. Cette politique des dépôts est une arme essentielle, que l'État utilise depuis longtemps et qu'il entend utiliser encore.

Notre politique en matière de dépôts comporte trois axes.

Le premier a trait à la valorisation des dépôts par les musées dépositaires. Depuis plusieurs décennies en effet, le Louvre et certaines autres institutions déposent une partie de leurs oeuvres dans différents musées de nos régions. Mais ces dépôts ne sont pas toujours valorisés comme ils le mériteraient, et s'ils l'ont été lors du dépôt, certains ne le sont plus. C'est la raison pour laquelle nous entendons revisiter rapidement les musées qui détiennent les dépôts les plus anciens pour nous assurer qu'ils les intéressent toujours, afin, si ce n'est pas le cas, de prévoir des redéploiements et d'en faire bénéficier d'autres institutions.

Un dépôt n'est en aucun cas une relégation d'oeuvres de second plan auxquelles nous entendons renoncer. Il correspond au contraire à une logique scientifique et culturelle et permet de compléter les collections existantes du musée dépositaire. Si cet objectif est perdu de vue, il ne faut pas hésiter à remettre en cause le dépôt.

Le deuxième axe de notre politique, qui n'est nullement contradictoire avec le premier, porte sur la poursuite et l'amplification de la politique de transfert aux collectivités territoriales des dépôts les plus anciens, la loi permettant de transférer aux collectivités responsables des musées la propriété des oeuvres mises en dépôt avant 1910. Le législateur a en effet considéré qu'après plus de cent ans de dépôt, l'oeuvre s'est agrégée aux collections permanentes du musée et le public s'y est accoutumé.

Cette politique a déjà donné des résultats substantiels puisque 113 villes et deux conseils généraux ont pu bénéficier d'un transfert de propriété, pour un nombre total de 5 365 biens culturels. La ville qui en a le plus tiré avantage est Toulouse, qui a obtenu le transfert de 572 oeuvres, preuve que l'État et les musées nationaux ne font preuve d'aucun malthusianisme pour procéder à ces transferts.

Nous souhaitons poursuivre cette politique, ce qui suppose l'accord des collectivités dont les positions sont contrastées – mais nous sommes toujours disposés à engager un dialogue sur cette question.

Le troisième axe consiste à encourager de nouveaux dépôts dès que les collections de l'État s'accroissent de manière significative. Ainsi, lorsque le musée d'Orsay a reçu récemment la très importante collection Meyer, une partie des peintures a été déposée à Aix-en-Provence ; autre exemple symbolique, le dépôt des plâtres originaux du Monument aux bourgeois de Calais de Rodin à la Ville de Calais.

Cette politique permet au réseau des musées de France de bénéficier du rayonnement des musées nationaux et, à côté des grands projets comme le Centre Pompidou-Metz et le Louvre-Lens, que nous soutenons de tout notre coeur, elle permet un aménagement culturel du territoire efficace.

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