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Intervention de Stéphane Demilly

Réunion du 24 novembre 2010 à 9h00
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Demilly :

Nous sommes heureux de vous entendre à quelques jours du sommet de Cancún. Copenhague nous a laissé un goût amer. Comme tous ceux qui y ont participé, j'en suis sorti déçu et frustré, avec le sentiment d'un incroyable décalage entre les convictions affirmées et le contenu de l'accord présenté. Malgré deux ans de négociations préalables et les intenses efforts diplomatiques de la France et de l'Union, il n'est apparu aucun engagement chiffré contraignant. On a dû se contenter d'un accord politique de principe – et encore ! Retenons tout de même que l'on a réuni 192 pays et 119 chefs d'État et de gouvernement, ce qui en a fait le plus grand rassemblement de l'histoire des Nations unies, et que des décisions d'importance y ont été annoncées, relatives au fonds de solidarité et à la lutte contre la déforestation.

Pour le reste, ni la rencontre intermédiaire du printemps à Bonn, ni celle organisée en Chine le mois dernier, n'ont permis de progresser. Seule la récente conférence de Nagoya sur la biodiversité a permis de redonner espoir. La ministre mexicaine des affaires étrangères, Patricia Espinosa, reste très pessimiste. Elle a récemment déclaré que les conditions de l'adoption d'un nouveau protocole à Cancún n'étaient pas réunies. Le Secrétaire général des Nations unies lui-même s'avoue prudent. C'est inquiétant quand on se donne pour objectif de restaurer la confiance et d'insuffler une nouvelle dynamique aux négociations.

Le contexte mondial aussi a beaucoup changé depuis un an. L'attention s'est focalisée sur l'économie et, aux États-Unis, la nouvelle majorité républicaine est plutôt sensible aux arguments climato-sceptiques.

Pouvez-vous faire le point sur l'état d'avancement des quelques progrès obtenus à Copenhague ? Où en est le fonds de solidarité pour les pays les plus vulnérables, qui devait être doté de dix milliards de dollars en 2012 puis de cent milliards par an en 2020 ? Où en est la mise en oeuvre du mécanisme de réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REED) ? Vous craignez que l'opinion publique ne finisse par se demander à quoi tout cela sert. Permettez-moi de dire que les parlementaires aussi, si on ne parvient pas à mettre en application le peu obtenu à Copenhague !

Sachant le fond indissociable de la forme, des améliorations ont-elles été apportées dans l'organisation de Cancún ? La cacophonie de 2009 n'a pas facilité l'obtention d'un accord. Il est vraiment dommage que l'Union européenne n'y ait que rarement parlé d'une seule voix. Les pays membres se sont-ils cette fois mieux concertés ?

Comment, selon vous, éviter que le multilatéralismene soit court-circuité par des négociations parallèles, plus restreintes, comme à Copenhague avec les États-Unis et la Chine ? Les déclarations unanimes des membres du G 20 en faveur de la lutte contre le changement climatique lors du récent sommet de Séoul peuvent-elles changer la donne, et la nouvelle présidence française donner une nouvelle impulsion ?

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