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Intervention de Jacques Attali

Réunion du 19 octobre 2010 à 17h45
Commission des affaires économiques

Jacques Attali, président de la commission pour la libération de la croissance française :

En matière de santé, nous pensons nous aussi que le déficit de la sécurité sociale sera encore plus difficile à réduire que celui de l'État et celui des collectivités locales. Nous avons fait un grand nombre de propositions, dont la suppression progressive du numerus clausus pour les médecins et les pharmaciens, la responsabilisation des agences régionales de santé, la mise en place d'un « bouclier sanitaire » et la mise sous condition de ressources des allocations familiales. Je précise, à ce sujet, que la vocation de notre commission n'est pas de s'adapter aux souhaits du Gouvernement, mais de faire les propositions qu'elle juge utiles.

Nous n'avions pas à nous prononcer sur les causes de la crise. Mais il est certain que la réponse choisie, c'est-à-dire l'endettement, est un fusil à un coup. Nous sommes désormais dos au mur. La seule façon de retrouver une marge de manoeuvre, c'est de nous désendetter massivement et rapidement, comme l'ont fait les Canadiens et les Suédois il y a une dizaine d'années. L'économie canadienne a d'ailleurs traversé la crise sans difficulté et est aujourd'hui en pleine croissance.

Tout le monde doit participer à l'effort collectif, même les collectivités locales, même les DOM-TOM. Nous n'avons pas prévu de dispositif spécifique pour ces derniers, bien que nous ayons mis l'accent sur des secteurs qui les concernent particulièrement, parce que nous considérons qu'ils font partie intégrante de la nation et qu'ils méritent d'être traités en conséquence.

Donner le goût du travail n'est pas un voeu pieux. Nous avons essayé de prendre en considération les aspects culturels. Je vous renvoie au très bon livre que Mme Hidalgo vient de publier sur la souffrance au travail, une question particulièrement sensible dans notre société. En France, on ne reste pas extérieur à son travail, on se l'approprie. Ce sentiment doit être retenu comme un élément essentiel de la croissance.

Le tourisme est bien entendu lui aussi un moteur de croissance important, et vous avez raison d'insister sur les investissements nécessaires.

L'épargne ne peut contribuer à la réduction de la dette publique, qui fait très largement appel à des financements extérieurs. Elle doit être préservée pour le financement des investissements d'avenir.

En ce qui concerne les universités, nous préconisons une moindre spécialisation, surtout pour les études médicales, les métiers de la santé disposant d'un fort potentiel de croissance. La suppression du numerus clausus ouvrira beaucoup de pistes. Par ailleurs, nous pensons que l'on devrait rendre les cursus moins spécialisés dans les premières années, afin de faciliter l'orientation des étudiants.

Les maisons de l'emploi sont une excellente chose. Nous avons recommandé, dans la même logique, la création de fonds régionaux de formation professionnelle. Je rappelle par ailleurs que la création de Pôle emploi découle de notre premier rapport et que le contrat d'évolution permettra d'agir au plus près du terrain.

Pour le reste, en particulier tout ce qui concerne l'application de nos propositions dans le monde rural, je vous propose d'en parler une prochaine fois. (Applaudissements.)

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