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Intervention de Stéphane Boujnah

Réunion du 19 octobre 2010 à 17h45
Commission des affaires économiques

Stéphane Boujnah, membre de la commission pour la libération de la croissance française :

Je voudrais revenir sur la question de M. Dionis du Séjour relative à l'enjeu politique du rapport. Certains d'entre nous voulaient intituler ce dernier « Pour nos enfants » afin de mettre en évidence l'ampleur inédite du problème. Comme d'habitude, depuis le début des années 1970, la France est en déficit. Ce qui est nouveau, c'est que la dette nous coûtera en 2011 45 milliards, soit un montant un peu inférieur à celui du budget de l'enseignement scolaire. Il suffirait que les taux d'intérêt augmentent de 1 % pour que l'on dépense autant pour payer nos créanciers que pour financer la formation d'une génération entière de Français.

L'actuelle législature est probablement la dernière dont les députés ont le luxe de pouvoir choisir entre acheter des canons, assurer l'éducation de nos enfants et, subsidiairement, payer notre dette. Si vous ne faites rien, ceux qui vous succéderont n'auront plus qu'un seul choix : celui de savoir comment négocier avec nos créanciers.

Le programme que nous proposons est extrêmement douloureux. Les chiffres traduisent des réalités sociales : le gel des salaires des fonctionnaires, celui des pensions de retraite, l'augmentation de la fiscalité, qui touchera essentiellement la classe moyenne. Cette économie de 25 milliards par an par an représentera, historiquement, le plus gros appauvrissement que notre pays aura connu en temps de paix.

Les élus de la nation sont les seuls légitimes pour expliquer et mener à bien un tel effort. En ce qui nous concerne, nous ne sommes que des citoyens engagés, des hommes et des femmes de bonne volonté qui ont essayé de formuler des propositions et de montrer le chemin. Il vous appartient de prendre les décisions qui s'imposent, car vous êtes les derniers à pouvoir le faire.

Je précise que tous nos voisins se sont engagés dans cette voie : les pays gouvernés par des conservateurs, comme le Royaume-Uni, ceux gouvernés par des socialistes, comme l'Espagne, de même que ceux qui n'ont plus le choix, comme la Grèce.

J'ignore quelle option politique il faut retenir parmi celles évoquées par M. Dionis du Séjour. Ce sera à vous d'en décider. Tout ce que je sais, c'est que nous avons tout à gagner en faisant oeuvre de pédagogie sur l'ampleur de l'ajustement nécessaire, et tout à perdre en ne disant pas la vérité ou en donnant de faux espoirs.

Tel est le message que notre commission a voulu adresser à la représentation nationale et au peuple souverain.

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