J'aimerais vous poser une question politique puisque vous avez exercé dans le passé des responsabilités politiques. Vous avez dit que votre commission avait cherché un consensus « entre gens de bonne volonté ». En dehors d'une telle commission, quel système mettez-vous sur la table ? Une « union nationale », à l'image de la grande alliance entre la CDU et la SPD qui a prévalu en Allemagne ? Ou bien l'« ouverture », tentée d'abord par la gauche, puis par la droite ?
En matière de retraites, vous prenez position pour le système suédois. Nous faisons le même choix mais sans nous dissimuler les inconvénients de ce système : il a fallu douze ans pour l'instaurer en Suède. N'est-ce pas incompatible avec la nécessaire rapidité des mesures que vous appelez de vos voeux ? Je rappelle, en outre, que la valeur du point est variable dans ce système, ce qui ne permet d'assurer ni la stabilité ni la prévisibilité des retraites. Cela ne risque-t-il pas de constituer un vice rédhibitoire dans notre pays ?
Dès le lendemain de la parution de votre rapport, le Premier ministre a indiqué qu'il n'appliquerait pas vos recommandations en matière de TVA sociale – c'est d'ailleurs le seul sujet sur lequel il est sorti du bois. Comment expliquez-vous qu'il existe une telle sensibilité dans ce domaine ? Comment faire évoluer la situation pour éviter de « charger » le travail, ce qui devrait être un objectif politique central pour tout gouvernement ?
Nous sommes très intéressés par vos propositions en matière d'éducation. Nous savions déjà que le collège est en difficulté, mais nous pensions, peut-être avec une certaine naïveté, que notre école primaire était excellente. Le classement PISA démontre qu'il n'en est rien : nous sommes au 17e rang, et nous avons reculé de cinq places en quelques années. Vos préconisations – plus d'autonomie pour les directeurs d'école et un temps de temps de travail accru pour les enseignants – sont intéressantes, mais elles sont difficiles à mettre en oeuvre et, surtout, passent à côté du problème de fond, qui est l'hétérogénéité des classes. Je pense notamment aux difficultés posées par les primo-arrivants, et plus généralement par l'immigration, en matière de maîtrise des fondamentaux.