Monsieur Attali, les propositions que vous formulez aujourd'hui ont notamment, comme les précédentes le grand mérite de susciter le débat y compris entre les membres d'un même groupe politique.
Le rapport commence par rappeler les atouts de la France, ce qui me paraît important : pour satisfaire à l'exigence de vérité que vous mettez en avant, notre pays doit mesurer ses atouts. La France est un pays créatif, qui peut notamment s'appuyer sur ses chercheurs et ses grandes entreprises. Vous affirmez que notre pays est « socialement dynamique grâce à la capacité d'adaptation de sa population ». C'est sans doute exact historiquement, mais on peut se demander, compte tenu des manifestations actuelles, si c'est encore le cas. Vous nous dites que notre pays n'est pas suffisamment informé. Comment faire pour éviter d'être pénalisé par des blocages semblables à ceux d'aujourd'hui ?
La seconde exigence que vous invoquez est l'équité. A cet égard, vous rappelez que la France est l'un des pays développés les moins inégalitaires en matière d'écart de revenus et de distribution du patrimoine. On constate, en outre, que le taux de pauvreté des seniors ne cesse de se réduire.
En ce qui concerne l'exigence de légitimité, vous écrivez qu'« en dépit des doutes qu'inspirent parfois à beaucoup de nos compatriotes les faiblesses du fonctionnement de nos institutions, la France a beaucoup d'atouts, avec une démocratie très vivante et une vie associative extrêmement active ». C'est vrai, mais comment pouvons-nous susciter l'adhésion à vos propositions, qui risquent d'être impopulaires ? Nous mesurons déjà, en ce moment même, la difficulté de ce que nous proposons au pays.
Quelle différence peut-on faire, en termes d'urgence, entre les différents moteurs de la croissance que vous identifiez ? Peut-on distinguer des mesures d'application immédiate et d'autres qu'il faudrait adopter à moyen terme ? La question de la gestion de la dette et celle de l'emploi sont urgentes, mais il ne faut pas négliger les efforts portant sur les grands secteurs industriels. Je pense à la gestion des ressources, et en particulier à la production des matières premières, mais aussi à la politique industrielle et la politique énergétique, qu'il faut envisager aussi bien au plan français qu'au plan européen.
Selon vous, il faudrait économiser cinquante milliards d'euros en trois ans pour réduire la dette publique. Vous avez cité quelques pistes, mais j'aimerais savoir où ces économies devront être réalisées. On peut, en effet, s'interroger sur l'acceptabilité des mesures adoptées. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur une éventuelle augmentation de la TVA ? Ne pensez-vous pas que la TVA sociale pourrait pénaliser les différents moteurs de la croissance – aussi bien les entreprises que la consommation ?
Comme dans votre premier rapport, vous proposez de placer les allocations familiales sous condition de revenus. Nous y étions opposés et le Gouvernement a rejeté cette proposition. Pourquoi revenir sur cette question ?