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Intervention de Claude Birraux

Réunion du 17 novembre 2010 à 16h15
Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Birraux, président :

Je tiens à profiter de votre présence pour aborder l'épineuse question des mathématiques financières, leur rôle controversé dans l'évolution moderne de la finance et plus généralement l'interaction entre ce domaine et le reste de la communauté scientifique.

Vous le savez peut-être, l'OPECST, sur proposition de son conseil scientifique, en particulier de MM. Laurent Gouzènes, Hervé Chneiweiss et Jean Therme, a procédé, le 14 octobre dernier, à une audition publique en lien avec l'actualité boursière et bancaire des derniers mois, sur le thème : « Les apports des sciences et technologies à l'évolution des marchés financiers ».

M. Rama Cont, directeur de recherche au laboratoire de probabilités et modèles aléatoires, professeur associé et directeur du Centre d'ingénierie financière de l'université Columbia, nous fait l'honneur d'être à nouveau parmi nous aujourd'hui. Il a eu la responsabilité, lors de cette audition, d'animer les débats, d'engager les participants à détailler les points qu'ils abordaient, puis de réaliser une synthèse de haute qualité, sur le vif, à la fin de chaque table ronde. Je tiens à le féliciter à nouveau pour son concours particulièrement efficace et brillant : la pertinence et la justesse de ses interventions nous ont permis d'avoir un débat de très haute qualité.

Les participants ont analysé l'évolution rapide des technologies de marché ainsi que la complexité croissante des stratégies de trading. Celles-ci semblent à l'origine d'un décalage entre, d'une part, les techniques de surveillance, de régulation et de gestion des risques, et, d'autre part, la réalité du fonctionnement des marchés.

Les différents aspects techniques abordés sans détour ont permis d'identifier un certain nombre de problèmes et d'envisager plusieurs pistes de solutions.

Il apparaît aujourd'hui nécessaire d'aborder la notion de régulation financière non plus seulement sous l'angle du comportement des acteurs individuels, mais également sous celui des risques engendrés par la dynamique intrinsèque des marchés.

Bien réguler les marchés financiers nécessite de bien comprendre leurs mécanismes. L'introduction d'une obligation de stockage de données financières détaillées par les opérateurs de marché, que le régulateur rendrait ensuite accessibles, sous forme anonyme, pour les travaux de recherche, permettrait de palier le nombre insuffisant d'études académiques évaluant l'impact du trading haute fréquence sur l'évolution des marchés. L'on peut d'ailleurs poser, à ce titre, les questions plus générales de la transparence des informations transitant par les dark pools ou de la réglementation des marchés de gré à gré.

Pour détecter plus efficacement les manipulations de cours, il est possible de passer, au niveau des agences de régulation, d'une surveillance des transactions à une surveillance des ordres. Mais l'insuffisance des moyens du régulateur, qui l'empêche de recruter les personnes compétentes dont il aurait besoin pour assurer une meilleure surveillance des marchés, doit être prise en considération.

Enfin, il semble opportun de traiter le sujet de l'utilité sociale des mécanismes innovants. L'innovation est-elle une fin en soi ? Quelle est l'utilité de ces nouveaux outils dans les sociétés modernes ? Il a été souligné, en particulier, que les innovations scientifiques et techniques pourraient aussi servir à mieux réguler les marchés financiers, ce qui leur conférerait une plus grande utilité sociale.

Quelles sont les portées et les limites de la modélisation mathématique ? Avez-vous eu l'occasion d'interagir avec le monde de la finance ? Estimez-vous possible de modéliser fidèlement par les mathématiques un domaine aussi complexe ? Plus généralement, comment voyez-vous la place des mathématiciens dans la société ?

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