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Intervention de Yves Meyer

Réunion du 17 novembre 2010 à 16h15
Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques

Yves Meyer, lauréat du prix Gauss :

Deux de mes quatre petits-enfants vivant aux États-Unis, je puis vous assurer qu'il est très difficile d'entrer dans le college d'une excellente université américaine, beaucoup plus difficile que d'entrer en classes préparatoires françaises : il faut faire état de ses résultats en seconde, première et terminale, et passer un test national, le scholastic assessment test (SAT), qui s'apparente en fait à un concours en temps limité. Ce système d'évaluation croisée est très stressant et il fait peser sur l'enfant une pression néfaste. Le « méchant système français » opposé à ceux, prétendument plus ouverts, des autres pays, c'est une fiction. Il est beaucoup plus difficile d'entrer à Princeton, à Harvard ou au MIT, même au niveau du college, que d'entrer à l'ENS, car les candidatures arrivent du monde entier et le nombre de places est sévèrement limité.

Si l'on veut jouer à supprimer les grandes écoles françaises, il faut alors admettre que le niveau des universités varie dans un rapport de un à cent, ce qui n'est pas envisageable dans notre pays. La comparaison entre notre système de grandes écoles et le système américain ne permet pas de bien poser le problème car toutes les universités américaines n'ont pas un niveau égal. Laurent Schwartz, en mars 1968, lors d'une conférence donnée dans le grand amphithéâtre du bâtiment de mathématiques, s'était déclaré partisan de ce que je défends aujourd'hui : il avait expliqué que notre système secondaire était excellent mais que notre système universitaire, avec des établissements égaux et des diplômes nationaux, était absurde, et il avait préconisé de copier le modèle exemplaire des États-Unis, c'est-à-dire des universités de niveaux radicalement différents. Mais il ne faut pas se voiler la face : même si, dans ces universités, l'entrée se fait sur dossier, la difficulté est très forte, équivalente à celle d'un concours, et le poids de la sélection pèse sur des enfants de trois ans plus jeunes que dans notre système de classes préparatoires. C'est traumatisant, je le vis avec mes petits-enfants.

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