Dans notre rapport sur le principe de précaution, Alain Gest et moi-même soulignions combien il était essentiel de compléter l'expertise scientifique par une réflexion sociétale.
De façon paradoxale, Christine Noiville ne souhaite pas que le CCES devienne un comité d'experts, mais elle demande le renforcement des personnalités qualifiées au sein du comité. Les difficultés constatées dans le fonctionnement du CEES sont inhérentes à la composition du comité, qui mêle parties prenantes et experts, alors que ces deux catégories devraient être séparées.
Il convient de donner toute sa part à l'expertise en sciences humaines, dans les domaines psychologique, sociologique ou historique. Une telle expertise permet d'évaluer le rapport risques-avantages et de réfléchir aux valeurs et aux représentations qui sous-tendent les propositions d'action. À partir du moment où la science fait bouger nos représentations du fonctionnement de la vie, une instance doit expliciter ces changements. Le CEES ne doit pas s'en tenir à une simple recommandation : il doit avoir les moyens de vulgariser ses travaux et de fournir aux responsables politiques un argumentaire et des éléments permettant de clarifier le débat à tous les niveaux. Sans modification législative, le CEES perdra de sa crédibilité et la suspicion envers le CS se renforcera.