On peut discuter de l'endroit où fixer le curseur, mais, en tout état de cause, ce curseur doit exister.
L'indépendance passe par la reconnaissance d'une équipe rédactionnelle qui participera à l'élaboration d'une charte éditoriale en fonction de l'organe de presse. La proposition de loi fixe les attributions de cette équipe rédactionnelle en s'inspirant de la société des rédacteurs qui existe au journal Le Monde.
Le texte s'inspire donc des initiatives les plus édifiantes en matière de reconnaissance du travail journalistique et de rapports entre journalistes et détenteurs du capital des journaux. En même temps, il propose une meilleure information des lecteurs sur les dirigeants et la propriété de l'organe de presse.
Est-il inutile qu'en contrepartie de financements publics de la presse, des garanties soient accordées aux citoyens lecteurs qui la financent par l'achat et par l'impôt ? Est-il indécent que le législateur s'intéresse à ces questions que la seule loi du marché ne peut garantir ? Si c'était le cas, bien des propositions auraient été faites pour faire disparaître des dispositions législatives qui organisent déjà la presse.
Chacun de nous est interrogé moralement, sur le plan de l'éthique politique, sur le respect de la démocratie, sur la contrepartie nécessaire à l'intervention publique. Certains peuvent avoir des idées différentes pour répondre à la question posée par le présent texte, mais personne ne peut dire qu'elle ne mérite pas d'être posée. Je sais que nombre de collègues qui siègent sur les bancs de la droite sont eux aussi troublés par les pratiques incessantes à l'encontre des journalistes et de leurs sources.
Alors, je vous propose de faire notre boulot de député en participant au débat, à la réflexion et, pourquoi pas, à la décision. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)