Monsieur le Premier ministre, huit millions de Français vivent en dessous du seuil de pauvreté. La semaine dernière, dans son rapport annuel, le Secours catholique dénonçait la situation inacceptable d'un million de jeunes âgés de 18 à 25 ans, qui vivent eux aussi en dessous du seuil de pauvreté. C'est la classe d'âge la plus touchée par la pauvreté, parce que c'est la classe d'âge la plus touchée par le chômage ou les emplois précaires. Aujourd'hui, pour beaucoup de ces jeunes, le seul horizon, c'est être chômeur ou travailleur pauvre. Les jeunes sont angoissés et doutent de l'avenir. Ils redoutent de vivre encore moins bien que leurs parents.
Hier, dans son rapport annuel, la défenseure des enfants s'est alarmée à juste titre de la situation inacceptable de deux millions d'enfants pauvres dans notre pays. Elle dénonce les conséquences de la pauvreté, qui les expose de façon intolérable à la malnutrition, au manque de soins et à des conditions de logement insupportables. De plus, cette situation a des conséquences néfastes sur leur parcours scolaire et leur éducation. Or c'est dans l'enfance que tout se décide pour la construction physique, psychique et intellectuelle. C'est donc l'égalité des chances et le droit à la réussite pour tous les enfants de France qui sont remis en cause.
Aujourd'hui, votre gouvernement n'est même plus en mesure de protéger les plus jeunes, de garantir leurs droits. Vous hypothéquez gravement leur avenir et, par là même, l'avenir de la nation. C'est le triste constat d'échec de votre passage à Matignon pendant trois ans et demi. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Monsieur le Premier ministre, il faut rendre toute sa place à la défenseure des enfants. Quand allez-vous enfin vous décider à mettre en oeuvre une véritable politique d'égalité des chances et de solidarité, de lutte contre la pauvreté et d'augmentation du pouvoir d'achat pour les plus modestes ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et plusieurs bancs du groupe GDR.)