Monsieur Brottes, un Allemand paye son électricité 87 % de plus qu'un Français. La moitié de cet écart est due à la stratégie allemande de développement des ENR. Vouloir porter immédiatement à quelque 35 % en France la part des énergies renouvelables va tuer la filière. Ce sont les prix extraordinairement bas du nucléaire qui nous permettent de concevoir une stratégie.
Le Parlement a voté à l'occasion de la loi « Grenelle II » un article sur les schémas locaux de raccordement aux réseaux. La vraie difficulté pour l'optimisation de la production est son insertion dans le réseau. Autrefois, la production d'énergie alternative française était si faible qu'elle pouvait être prise en charge dans le réseau sans équipements spécifiques. Tel n'est plus le cas – j'ai d'ailleurs visité près de Saint-Denis une nouvelle structure de dispatching. Aujourd'hui, par exemple, la production d'énergie alternative, c'est-à-dire intermittente, du département des Landes correspond à trois fois et demie sa consommation, ce qui crée une véritable difficulté de gestion.
La conception de schémas de gestion et la réglementation des prévisions sont absolument nécessaires. Quant à l'élaboration de schémas locaux de production, elle ne rencontre aucune hostilité de ma part.
Considérer que la politique des énergies renouvelables serait gérée sans concertation par plusieurs acteurs – l'Élysée, Bercy, et le ministère du développement durable –, relève de la bande dessinée. La réalité est celle d'une stratégie qui s'adapte en permanence. Nous tentons de développer, au moindre coût, une filière professionnelle solide et durable, disposant de visibilité. Quant aux produits concernés, ils sont très mobiles, géographiquement et en termes de coûts.
Monsieur Grouard, quel autre secteur profite d'une croissance de 800 % à 1 000 % en 24 mois, autrement dit de 500 % par an ? Une telle évolution mérite une gestion spécifique. Je suis très heureux que vos commissions continuent à s'y intéresser autant. Nous aurons en effet besoin d'analyses croisées sur la turbulence, sur les risques de surchauffe, sur l'intérêt de cette filière pour l'emploi. Que le développement du photovoltaïque en France provoque un surcoût d'un ou deux points de pourcentage est acceptable s'il aboutit à la création d'une filière durable. Si le surcoût est trop important, son intérêt est moins évident. Nous devons travailler à établir les critères.
Nous avons entrepris d'analyser la qualité des matériaux importés. En pourcentage instantané de performance, ils sont moins mauvais que ce qu'on nous avait raconté ; en revanche, sur la durée, ils sont presque aussi mauvais qu'on nous l'avait dit.
La recherche est en effet notre grande difficulté. Cela dit, les équipes sont très opérationnelles. Ce sont, au départ – et pour parler vite – celles de Photowatt. Elles sont en relation avec les équipes de Renault et de Bolloré qui travaillent sur les batteries au lithium polymère. Je rappelle que vous avez voté 1,2 milliard d'euros de crédits de recherche. Les investissements de recherche en France sur ces filières sont équivalents à ceux consentis pour le nucléaire.
Imaginer que les industriels français deviennent des leaders majeurs du secteur n'a rien d'absurde. Les Français, j'en suis sûr, deviendront les leaders mondiaux des voitures électriques. La France, qui a longtemps été le leader mondial de l'hydraulique, en reste par sa compétence professionnelle l'une des grandes nations. Nous avons construit la centrale solaire Thémis dans les Pyrénées. Rien ne permet de préjuger d'une incapacité de notre part à entrer avec force dans les énergies renouvelables. En revanche, la concurrence est très forte.
Monsieur Paul, l'intérêt de transférer les financements de la CSPE au budget de l'État me paraît très limité. Au final, ce sont toujours les mêmes qui payent.