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Intervention de Germinal Peiro

Réunion du 10 novembre 2010 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Agriculture pêche alimentation forêt et affaires rurales développement agricole et rural

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGerminal Peiro :

En commission élargie, le ministre de l'agriculture a indiqué, à juste titre, que la crise de 2009 est plus qu'une crise conjoncturelle, une crise structurelle grave. Mais le décalage entre cette crise et les moyens consentis pour y répondre durablement est extrêmement important. Si nous continuons dans ce sens, ce sont des pans entiers de l'économie agricole qui disparaîtront dans notre pays, ainsi que des dizaines de milliers d'exploitations, soit 200 000 à 300 000 emplois.

Le cas des producteurs de tabac est emblématique. Malheureusement, les annonces budgétaires qui ont été faites récemment ne permettront pas de régler le problème qui a été exposé au ministre la semaine dernière.

Cela rejoint d'ailleurs le défaut majeur de ce budget. Au-delà du démantèlement de l'État que le Gouvernement persiste à poursuivre à travers une RGPP menée à la hache, ce budget n'apporte pas le soutien indispensable à l'ensemble des agricultures dans notre pays. Vous le savez, nous sommes attachés à ce que les agriculteurs puissent vivent sur l'ensemble de notre territoire, dans le sud ou dans le nord. Nous pensons qu'il est possible de faire vivre des activités agricoles sur l'ensemble du territoire national, à condition de changer les objectifs de la politique d'aujourd'hui qui visent à aligner les productions françaises sur les cours mondiaux.

Le ministre l'a reconnu lui-même : cette politique nous mène à l'échec et dans le mur, parce que nous sommes incapables de produire de la viande de mouton moins cher que la Patagonie ou la Nouvelle-Zélande, de la viande bovine moins cher que l'Amérique du sud, du blé moins cher que l'Ukraine. Et pourtant, vous poussez les agriculteurs à s'aligner sur les cours mondiaux, ce qui les conduit à la ruine. Le traitement des ICHN, qui sont, comme le rappelait Frédérique Massat, des aides très structurantes pour l'agriculture de montagne, montre la même orientation. Certes, vous continuez d'accorder des aides à la filière biologique, mais, comme l'a dit le Président de la République, toutes ces contraintes environnementales, ça commence à bien faire, propos relayés malheureusement par le ministre de l'agriculture lui-même.

En vérité, vous entretenez auprès de la profession agricole un double discours : vous êtes en train de lui faire croire que vous régulez, alors que vous continuez à mener une politique libérale. Vous refusez d'arbitrer contre le marché libre, tout en sentant pourtant que c'est cela qu'il faudrait mettre en place.

Comme nous l'avons déjà indiqué en commission élargie, ce budget est un véritable trompe-l'oeil parce que l'augmentation annoncée ne repose que sur le fait que l'on a assimilé dans le budget les exonérations de charges patronales pour les saisonniers à hauteur de 500 millions d'euros. Comment, du reste, ne pas relever que la loi de finances supprime les exonérations pour les travailleurs de moins de vingt-six ans ?

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