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Intervention de Annick Le Loch

Réunion du 19 décembre 2007 à 15h00
Pouvoir d'achat — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnick Le Loch :

…« Ma journée est coupée en deux, puisque je travaille en général, entre dix heures et midi et demi, puis entre dix-sept et vingt-deux heures. Je dis “en général”, car parfois cela change : mon contrat précise que je dois être disponible à tout moment dans la fourchette des horaires d'ouverture du magasin, entre dix et vingt-deux heures. Bientôt, ce sera aussi vrai même le dimanche. »

Nous reviendrons sur ce sujet, puisque trois députés seulement ont applaudi quand le Gouvernement a défendu l'ouverture des magasins le dimanche.

« Je suis prévenue de mes horaires une dizaine de jours à l'avance. À cause de ces horaires, je ne peux rien prévoir : une formation ou un emploi complémentaires sont donc impensables. Pour moi, la hausse du pouvoir d'achat, ce serait de pouvoir travailler à temps complet car, pour me loger, je dépense 40 % de mon salaire ».

Cette description est celle de la situation d'une salariée précaire parmi d'autres. Les précaires représentent aujourd'hui 31 % des salariés français, alors qu'ils étaient 17 % y a trente ans. Hier, oubliée des cadeaux fiscaux, aujourd'hui du « gagner plus », cette France, invisible à vos yeux, est à chaque fois perdante.

Derrière les discours volontaristes et les slogans faciles se cache la réalité vécue par les Français qui n'ont pas de pouvoir d'achat. Les 20 % de la population française percevant les revenus les plus bas n'ont bénéficié d'aucun encouragement de votre part depuis 2002. À l'heure où vous nous vantez votre action en matière de pouvoir d'achat, que disent les chiffres à propos de votre action depuis six ans ?

Je vous cite un passage du tableau dressé par l'INSEE en 2007 dans son étude annuelle France, portrait social : « Sur la période 2002-2005, la pauvreté monétaire fluctue, sans qu'une tendance nette soit perceptible. Ceci met en évidence une rupture avec la période 1996-2002 au cours de laquelle la tendance à la baisse était nette. »

Avec ce projet de loi, vous faites, une fois de plus, le choix délibéré d'oublier cette France invisible : ces 1,5 million de travailleurs pauvres, ces familles monoparentales, ces ménages qui, par exemple, n'ont pas accès à une couverture complémentaire santé. Vous faites aussi le choix d'oublier les retraités pauvres. Où sont donc passées les promesses électorales : l'augmentation de 25 % du minimum vieillesse, la revalorisation des petites retraites et des pensions de réversion ? Que peuvent attendre les retraités et les chômeurs ? Rien.

Que peuvent attendre les travailleurs à temps partiel, les intérimaires, ceux qui n'ont pas de RTT ? Que peuvent attendre ces salariés au SMIC depuis au moins vingt ans, et ils sont nombreux, fidèles à un petit patron, certes consciencieux, mais qui emploie, bien sûr, moins de vingt personnes ; ils ne sont concernés ni par les 35 heures, ni par les RTT ?

Madame la ministre, il faut lire le dernier rapport statistique publié par le Secours catholique sur la géographie de la pauvreté : vous y rencontreriez tous les oubliés de votre projet de loi sur le pouvoir d'achat. Vous y liriez l'interpellation du Secours catholique : il vous demande ce que vous comptez faire pour « ceux et celles qui ne peuvent pas accéder à un emploi » et qui ne sont donc pas concernés par le revenu de solidarité active.

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