Monsieur le président, mesdames, messieurs, on aurait presque envie de saluer le stakhanovisme législatif du Gouvernement sur le pouvoir d'achat, voire de s'attendrir sur ses tentatives réitérées de lancer des injonctions à la croissance, qui demeure manifestement boudeuse. Malheureusement, les dispositions du texte révèlent qu'il ne se soucie guère des personnes à faible revenu – petites retraites, petites pensions, petits salaires –, ces millions de citoyens qui comptent les centimes chez le boulanger et qui ne peuvent pas prendre un vélo pour échapper à la hausse du prix du carburant, soit parce qu'elles sont trop âgées, soit parce que la distance entre leur domicile et leur lieu de travail est telle qu'elles ne disposent pas du temps nécessaire pour la couvrir à bicyclette. Je parle de ceux dont les enfants et les petits-enfants ne partent pas en vacances et qui bricolent mille astuces pour boucler leurs fins de mois, mais qui paient la TVA au même taux que les gros revenus.
Ces gens-là ne sont pas des intrus dans notre débat. Ils sont fortement concernés, et même probablement consternés par nos bavardages autour du pouvoir d'achat. Vous les connaissez pourtant, madame la ministre, puisque le Gouvernement sait les retrouver pour leur faire les poches, en rétablissant la redevance audiovisuelle, ou leur piquer quelques euros de plus en faisant payer l'accès aux soins, qui devient de plus en plus discriminatoire.