Le phénomène est complexe, et on ne le résoudra pas d'un coup de baguette magique !
Dans les villages, contrairement aux villes, on connaît les personnes qui sont à la rue. Dans ma commune, il y a dix logements d'urgence qui servent, par exemple, à abriter les habitants d'une maison incendiée – sachant que le problème, c'est ce qui se passe ensuite et que, lorsque des logements très sociaux, comme il en existe à Perpignan, accueillent des populations marginales, des gitans, des Roms, les gens ne veulent pas y aller. Il est loin le temps où les personnes atteintes de troubles psychiatriques étaient accueillies à l'hôpital, puis en maison de repos pour deux ou trois mois, le problème étant ainsi transféré à la Sécurité sociale !
Il faudrait donc mettre en place des structures échelonnées et améliorer la prise en charge individuelle. Ce qui compte, c'est de savoir comment les gens en sont arrivés là ; souvent, il s'agit de femmes avec des enfants, dont le mari est parti, qui ne travaillent pas et n'ont aucun revenu. On ne peut pas les mélanger à d'autres populations, ni les éloigner des écoles où sont scolarisés leurs enfants.
Par ailleurs, les caisses d'allocations familiales versent parfois des sommes astronomiques pour des logements indécents. Dans ma ville, qui compte 9 000 habitants, on a construit cette année 250 logements sociaux, ce qui représente la moitié de la totalité des réalisations dans la communauté d'agglomération Perpignan-Méditerranée. C'est un véritable paradis pour ceux qui en bénéficient ; les logements sont intégrés dans un tissu de logements locatifs ou en accession à la propriété, sans aucune différenciation. Il faut aménager des logements sociaux de qualité : quand on habite dans un endroit correct, on se respecte davantage.
Le risque est évidemment de délocaliser le problème, car de nouvelles personnes arrivent du centre-ville pour occuper les logements insalubres libérés. Il faut donc impérativement pénaliser ceux qui exploitent la misère et prévoir une certaine gradation de l'accueil, de la structure d'urgence au logement social.
Si l'on héberge les gens pendant les mois d'hiver et qu'on les remet à la rue la belle saison revenue, cela ne fait guère avancer les choses. Dans nos communes, on domicilie les sans-abri à la mairie, ce qui leur permet de bénéficier du revenu de solidarité active et de la couverture maladie universelle. Mais c'est parce qu'on les connaît ; peut-être faudrait-il créer dans les grandes villes des structures spécifiques afin de mieux connaître les publics concernés ? Il importe de les aider, non seulement à se loger, mais à se reconstruire, grâce à un accompagnement social adapté.