Comme tous mes collègues, je ne puis que constater avec surprise que les crédits de la mission « Outre-mer » diminuent alors que le Président de la République avait pris, à la suite de la grave crise que nous avons connue, des engagements extrêmement clairs pour aider ces pays à s'en sortir.
Certes, je partage l'idée, exposée dans le rapport spécial, que l'emploi est, en outre-mer, un poste essentiel. Effectivement, tout au long de la grave crise traversée, c'est de l'emploi qu'il était toujours question. Il importe donc de l'affirmer : en matière d'emploi, on ne saurait relâcher les efforts. Je constate avec intérêt que vous faites confiance à l'ANT devenue LADOM pour continuer à remplir cette mission. Pour avoir participé un certain temps à la vie de cette structure, je connais bien le professionnalisme de ses agents, et je crois effectivement important d'améliorer l'action menée pour favoriser la formation et l'accès à l'emploi des jeunes ressortissants de l'outre-mer, d'autant que LADOM travaille en liaison étroite avec les collectivités territoriales de l'outre-mer. Que la convention avec l'État fixant les objectifs de LADOM ait finalement été signée est également une bonne chose.
Je me demande toutefois, pour reprendre une interrogation formulée à diverses reprises, s'il est opportun de modifier aussi régulièrement le mode de fonctionnement de cette agence, ainsi que les prestations qu'elle délivre. En matière de formation professionnelle, il faut en effet – nous le savons – un certain temps pour monter des dossiers en suivant certaines procédures. Il me paraît donc regrettable de modifier régulièrement les procédures : au plan « Initiative jeune » a succédé le Passeport mobilité, et voici désormais le Passeport mobilité formation, qui s'y substitue. Une plus grande stabilité des outils mis en oeuvre par ce gouvernement pour assurer la formation professionnelle et l'accès à l'emploi des jeunes de l'outre-mer serait souhaitable.
Même si ce n'est pas tout à fait poli, je veux aussi signaler un problème qui me préoccupe. Cela fait tout de même de longues années que de jeunes ultramarins partent étudier en métropole. Comment se fait-il qu'ils éprouvent tellement de difficultés à trouver un emploi à leur retour en outre-mer, davantage même que d'autres personnes pourtant moins familières de l'outre-mer ? Ne devrions-nous pas, madame la ministre, monter une cellule de suivi qui réunirait l'État, les collectivités territoriales et les chefs d'entreprises ? Elle veillerait à ce que les dépenses non négligeables faites pour améliorer la formation des jeunes de l'outre-mer se traduisent en termes d'emplois dans les collectivités d'origine de ces jeunes. Pour l'instant, nous avons par moments l'impression d'« arroser la mer » en envoyant en formation des jeunes qui doivent très souvent repartir ailleurs pour trouver un emploi. Voilà qui est extrêmement frustrant pour ceux qui suivent ce dossier. D'année en année, le chômage progresse chez les jeunes de l'outre-mer ; ce n'est vraiment pas acceptable.
J'ai également noté avec intérêt que LADOM se verrait confier à nouveau la gestion de la continuité territoriale, soit directement soit par le truchement de GIP créés avec les collectivités territoriales. Cette solution me paraît adaptée, et LADOM est effectivement bien placée pour s'occuper de ce dossier. Je regrette simplement qu'il ait fallu dix-sept ans pour y revenir.
Rappelons que M. Perben avait effectivement jugé utile, en 1993, d'ôter cette fonction à l'ANT : veiller à ce que les habitants de l'outre-mer, surtout les personnes originaires de l'outre-mer qui résident en métropole, puissent bénéficier de billets à tarif réduit pour rendre visite à leur famille. Aujourd'hui, si la continuité territoriale des départements d'outre-mer vers la métropole est reconnue, la continuité de la métropole vers les départements d'outre-mer ne l'est toujours pas. Je ne comprends absolument pas pourquoi il en est ainsi. J'ai l'impression que nous en sommes au même point qu'autrefois : on ne donne de billets d'avions qu'au départ de l'outre-mer pour la métropole.
Il me semble qu'il ne serait pas compliqué de mettre sur pied des conventions entre l'État et les régions, outre-mer et en métropole, pour régler ce problème de continuité territoriale à sens unique.
Un dernier mot à propos de l'IFCAS.
J'ai eu l'occasion de visiter cet établissement, grâce auquel nos compatriotes de l'outre-mer peuvent suivre des formations dans le domaine sanitaire et social, bien pourvu en emplois. Certes, les conditions d'hébergement y étaient un peu spartiates, mais le secteur avait le mérite d'être porteur. Or il semble que les crédits alloués à l'IFCAS soient supprimés dans la mission « Ville et logement », qui sera examinée prochainement. Que comptez-vous donc faire, madame la ministre, pour défendre l'IFCAS ?
Enfin, sur un plan plus symbolique, j'ai, comme plusieurs de mes collègues, déploré le silence assourdissant qui a fait écho dans les rangs du Gouvernement aux propos inadmissibles de ce grand parfumeur, qui travaille d'ailleurs avec des gens de Mayotte. Qu'entend faire la ministre de l'outre-mer pour défendre la dignité des nègres, injustement mis en cause par M. Guerlain ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)