…la solidarité des territoires structurellement défavorisés au bénéfice des territoires nettement mieux lotis. Ce n'est pas ma conception de la solidarité.
Madame la ministre, on voudrait souffler sur les braises de la crise sociale de 2009 que l'on ne s'y prendrait pas autrement ! Le lot des promesses de l'État non tenues, après les accords post-crise de 2009, notamment l'accord Bino, après les états généraux, après la loi de développement économique des outre-mer, que vous avez portée, et autres conseils interministériels de l'outre-mer, a remis dans les rues, le 26 octobre 2010, plus de 15 000 Guadeloupéens, soit, la population guadeloupéenne comptant 450 000 habitants, davantage de monde en proportion et même en nombre que ce qu'a réuni la dernière manifestation contre la réforme des retraites à Paris et ses 5 millions d'habitants. Sans compter la foultitude qui ne défile pas, mais n'en pense pas moins, comme la Fédération des entreprises d'outre-mer dont on ne peut pas dire qu'elle compte en son sein de dangereux subversifs !
Votre budget, cela a été rappelé avant moi, est un budget punitif en matière de logement social, qui se traduira inéluctablement par le creusement des inégalités, lié à l'acharnement coupable de Bercy, encouragé par vos récents propos, peut-être malheureux, qui font du cumul de la LBU et de la défiscalisation une exception, alors que la demande de logement social – en Guadeloupe notamment – est dramatiquement insatisfaite.
Annoncer que le logement social est à l'abri du coup de rabot est une chose ; faciliter sa promotion par un réel fléchage de la LBU et de la défiscalisation en est une autre.
Madame la ministre, assurément, ce budget ne contribuera pas à la cohésion sociale républicaine dans les outre-mer que tout le monde appelle de ses voeux. Il ne contribuera pas à la mise en place de ce plan Marshall auquel, avec d'autres, nous appelons pour la jeunesse guadeloupéenne, et qui mettrait, notamment par l'emploi, nos jeunes en activité, avant qu'il ne soit trop tard, avant que le volcan de la jeunesse guadeloupéenne n'explose – ce qui arrivera tôt ou tard, vous le savez, si nous ne faisons pas ce qu'il faut faire.
Ce budget ne contribuera pas non plus à favoriser la continuité territoriale inter-îles par la création d'un groupement d'intérêt public Transport, pourtant explicitement prévu dans le cadre de la LODEOM et réclamé ardemment, vous le savez aussi, dans les îles du sud.
Ainsi, ce projet de mission confirme la vision d'une certaine classe politique nationale dans laquelle nos territoires ultramarins représentent uniquement des centres de coûts pour le budget de la nation. Je m'enorgueillis d'avoir entendu plusieurs orateurs tenir des propos contraires ; et ils ne sont pas forcément riches !
Votre rabot, véritable coup de coutelas, va désormais jusqu'au squelette du corps social, déboussolé, face à une jeunesse aux abois, frappée par un taux de chômage de 52 %. Leur taux de chômage de 9,10 % passe aux États-Unis pour un drame, une catastrophe, et l'on veut couper la tête d'Obama. En Guadeloupe, 52 % de la jeunesse est au chômage ; chez moi, à Grand-Camp, à Raizet, c'est 65 % des jeunes qui sont au chômage ; dans les îles du sud, notamment à Marie-Galante, ils sont 82 %... On veut que ces jeunes soient solidaires de la métropole où les taux de chômage sont infiniment moins élevés ; c'est un scandale !
Madame la ministre chargée de l'outre-mer, chère compatriote, chère amie…