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Intervention de René-Paul Victoria

Réunion du 3 novembre 2010 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRené-Paul Victoria :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, l'année 2011 doit être une année décisive pour l'outre-mer. Ce doit être l'année du changement pour les outre-mer, avec l'inversion des tendances actuelles : la situation l'exige.

Au moment de préparer le budget 2011, François Baroin, ministre du budget, a annoncé qu'il avait comme objectif de diminuer le déficit public, tout en évitant d'entraver la reprise. Certains postes ont connu des coups de rabot. Faire plus avec moins devient alors un véritable défi.

Ce n'est une surprise pour personne, le budget de l'outre-mer pour 2011 a diminué, mais, en dépit des contraintes budgétaires, nous avons le devoir d'engager très rapidement les actions nécessaires pour le développement et l'avenir de nos territoires, et de sortir enfin de la crise.

À La Réunion, nous subissons toujours les effets de cette crise économique et sociale. Pour un grand nombre de nos concitoyens, la vie se vit au quotidien et il leur est impossible de se projeter dans l'avenir.

Les quatre problèmes majeurs et récurrents, nous les connaissons : un taux de chômage à la hausse, une progression constante des demandes de logements, une augmentation des prix difficile à supporter, et la continuité territoriale, qui influence aussi bien la mobilité des personnes que l'activité économique.

Pour le chômage, les chiffres ne sont guère réjouissants. Sur 532 000 Réunionnais en âge de travailler, plus de 110 000 sont chômeurs. Le chômage a augmenté de 14,7 % en un an. La Réunion serait le plus mauvais élève français. Les raisons en sont multiples : dans le secteur du BTP, par exemple, plus de 10 000 licenciements ont été enregistrés en un an. L'arrêt ou l'annulation des grands projets depuis deux ans a mis en péril la situation économique des entreprises de ce secteur. Sans le soutien de l'État et sans véritable plan de relance, nous ne pourrons pas inverser la tendance.

En matière de logement, les besoins sont considérables. Au 1er janvier 2010, plus de 22 500 ménages étaient en attente d'un logement à La Réunion. Selon les données de l'INSEE, ce nombre devrait augmenter de plus de 44 % à l'horizon 2030. Compte tenu de l'exiguïté du territoire, le foncier se fait de plus en plus rare. Les décisions d'aujourd'hui seront primordiales pour le futur.

La construction des logements sociaux a connu un net ralentissement. Avec le nouveau système de défiscalisation, les bailleurs sociaux rencontrent quelques difficultés pour obtenir les agréments. En 2010, 5 100 demandes de financement ont été demandées ; à peine 3 400 logements seront financés par le mécanisme du cumul LBU-défiscalisation. Le logement intermédiaire était une bonne soupape, mais nous sommes passés de 5 500 constructions en 2009 à 1 000 en 2010.

Nous sommes dans une impasse : la demande ne cesse d'augmenter et l'offre diminue fortement. À ce rythme, la situation ne peut que s'aggraver. De plus, il faut éviter que les bailleurs sociaux ne soient les seuls acteurs d'une politique de logement – logements sociaux, intermédiaires et libres.

Concernant l'inflation, on multiplie les études, les données, les analyses, mais le constat est bien là. Les prix sont beaucoup plus élevés qu'en métropole, et les premiers à s'en plaindre sont les métropolitains qui s'installent chez nous.

Enfin, la continuité territoriale est perçue plus comme un problème que comme un atout L'abaissement du coût du fret apporte une aide précieuse aux entreprises, mais nous n'avons malheureusement pas de solution pour réduire le prix du billet d'avion entre la Réunion et Paris. En décembre, par exemple, il en coûte 2 200 euros pour un aller-retour en classe économique.

Nous devons également répondre aux attentes de nos concitoyens dans bien d'autres domaines.

Sur le photovoltaïque, j'ai soumis cinq propositions au Gouvernement lors de la séance du 22 octobre dernier. Il faut sauver cette filière ultramarine en développant le concept production-stockage de l'énergie radiative du soleil. Il faut optimiser les ressources naturelles de chaque région et soutenir les entreprises qui se sont déjà engagées en faveur des énergies renouvelables.

Dans le domaine de l'éducation, il reste encore des efforts à faire en matière d'équipements pédagogiques. À la Réunion, toutes les écoles ne sont pas logées à la même enseigne et l'on ne peut parler d'égalité des chances. L'équipement en matériel informatique et l'accès à internet devraient être généralisés. Un effort est également nécessaire dans le domaine de la formation, aussi bien pour les jeunes que pour les adultes. La Réunion compte plus 100 000 illettrés, et de nombreux jeunes sortent du système scolaire sans qualification.

Madame la ministre, vous avez annoncé un effort du Gouvernement avec un fonds agriculture-pêche de 20 millions d'euros. J'espère que cette enveloppe sera suffisante pour répondre aux besoins de tous les professionnels de ces secteurs sensibles. L'agriculture et la pêche ne sont pas des secteurs du passé ; ce sont des atouts majeurs pour notre avenir.

Concernant les personnes âgées, on ne peut ignorer la paupérisation de cette population qui s'accroît : faible retraite, baisse du pouvoir d'achat. Aujourd'hui, on parle de personnes âgées qui refusent de se soigner par manque de moyens. C'est inacceptable.

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