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Intervention de Christophe Lecourtier

Réunion du 27 octobre 2010 à 11h00
Commission des affaires économiques

Christophe Lecourtier, Directeur général d'Ubifrance :

Avant de répondre, il faut rappeler que nous venons d'un monde dans lequel il y avait dans nos services à l'étranger un expatrié pour un contrat local, assurant généralement des fonctions support relativement peu qualifiées. Aujourd'hui, nous avons un expatrié pour cinq ou six emplois locaux, avec des profils beaucoup plus qualifiés, maîtrisant la langue du pays et capables de jouer un véritable rôle d'aide aux entreprises françaises souhaitant exporter. Les expatriés faisaient autrefois de la compilation encyclopédique. J'ai souhaité qu'ils soient plutôt sur le terrain, pour aider nos entreprises.

Nos crédits ne sont pas illimités : si les dépenses d'intervention qui bénéficient directement aux entreprises augmentent, notre budget de fonctionnement est en baisse de 3 %. L'intérêt d'une compilation encyclopédique, rapidement obsolète en raison de l'évolution rapide du droit, me paraît par ailleurs limité. C'est pourquoi il me semble préférable, plutôt que de réaliser une veille générale, de disposer d'agents capables d'apporter rapidement des réponses à jour à des questions précises de la part des entreprises.

Sur l'Afrique, madame Geneviève Fioraso, notre idée est de coopérer avec les Chinois car nous ne sortirons pas vainqueurs d'une confrontation frontale avec eux. Ainsi, au Sud-Soudan, qui est à la veille d'un référendum de partition, il existe des vraies opportunités, dont les entreprises privées ne peuvent pas profiter seules pour des raisons de sécurité : elles pourront cependant en profiter en s'associant aux grands groupes chinois. Il faut ajouter que s'il est encore incertain aujourd'hui, le marché africain est bien le marché de demain.

Concernant la viticulture, nous observons un rebond des exportations en 2010, après avoir éprouvé durant la crise de grandes difficultés car les produits français sont plutôt haut de gamme. Nous essayons de repositionner les exportations dans ce secteur sur les marchés émergents, les plus dynamiques. Mais nos exportations ont souffert, dans le passé, d'un problème de positionnement : alors que les vins italiens et ceux du Nouveau Monde, notamment, ont su renouveler leur image, la France n'a pas su le faire. Cette situation est due pour partie au fait que la Sopexa a voulu depuis deux ans s'occuper des exportations alors qu'elle aurait dû consacrer ses efforts à mieux raconter l'histoire du vin et nous laisser le soin d'organiser les échanges internationaux. Nous allons voir, ce soir même, le président de la Sopexa, Monsieur Lemétayer, pour essayer de faire « la paix des braves ». J'espère que le partage des rôles sera enfin clarifié.

La contrefaçon représente évidemment un problème important. Nous avons noué un accord avec l'INPI permettant aux entreprises de bénéficier d'un pré-diagnostic export de propriété industrielle, qui prend la forme d'un entretien de trois quarts d'heures avec un expert qui pointe les faiblesses principales de l'entreprise. Le nouveau président de l'INPI est d'ailleurs résolu à aider les entreprises à l'international. Le vrai sujet est de pouvoir s'entourer, dès lors qu'on est un peu avancé dans un projet, des cabinets d'avocats locaux. Ubifrance a choisi en outre de sous-traiter la rédaction des guides que nous publions sur l'exportation à des cabinets d'avocats, plutôt que de les faire rédiger par ses propres agents, qui sont des généralistes.

Pour conclure, je soulignerai que le chemin qui conduit au succès à l'export est celui de la patience. C'est la force des Allemands et des Italiens, qui labourent patiemment, viennent et qui reviennent inlassablement. La France a parfois été trop arrogante et a mieux su concevoir des produits que les vendre. La notoriété qu'a acquise Ubifrance doit nous permettre d'aller encore plus près des besoins des entreprises, et j'ai bon espoir qu'en faisant preuve de rigueur et en évitant la précipitation nous réussirons.

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