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Intervention de Marisol Touraine

Réunion du 27 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarisol Touraine :

On comprend bien que certains ministres perdent leurs nerfs, puisque la vérité, c'est que, avec ce vote, vous tournez le dos au mouvement du progrès social, vous refusez la volonté d'une société de justice et de solidarité (Protestations sur les bancs du groupe UMP), héritée du Conseil national de la Résistance. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. – Rires et exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

La vérité, c'est que votre politique est d'ores et déjà un naufrage et que ce qui devait être la grande réforme du quinquennat s'est transformé en piteuse citrouille législative. Vous rêviez d'audace réformatrice et vous vous retrouvez avec un pays en crise, qui a perdu confiance, qui a, surtout, perdu confiance en vous. À aucun moment vous n'avez su convaincre, avançant un jour des explications fondé sur le déficit démographique de long terme et, le lendemain, invoquant le déficit né de la crise.

La vérité que retiennent les Français, c'est que votre bilan tient en trois mots : provocation, irresponsabilité, injustice. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe GDR.)

Provocation, car vous vous êtes entêtés jusqu'à la dernière seconde à humilier les Français, à dédaigner les organisations syndicales, à ignorer l'opposition. En quelques semaines vous aurez réussi le prodige de coaliser le pays entier contre votre projet, de mettre en scène votre mépris du Parlement et d'enterrer la possibilité d'une réforme durable, alors même – c'est là votre grande faute – que cette réforme était nécessaire (« Ah ! » sur les bancs du groupe UMP.) et alors même que les Français la jugeaient indispensable. Cependant il fallait une autre réforme ; les Français demandaient une réforme qui soit juste et qui soit responsable. Votre projet, lui, est irresponsable.

Vous disiez vouloir rendre confiance aux jeunes générations. Vous avez, pour toute réponse, supprimé le fonds de réserve qui leur était destiné et vous les acculez à prendre des assurances privées.

Vous assuriez légiférer pour le long terme et assainir les finances durablement. Pourtant, après 2018, c'est le trou noir et dès 2013 il faudra tout reprendre, tant votre refus de mettre à contribution les revenus du capital fragilise la situation.

Et tout cela pour quoi ? Pour un projet dont l'injustice est le fil conducteur et dont l'injustice vous collera longtemps à la peau. Oui, il est injuste de faire reposer tout l'effort sur les salariés, notamment sur les plus modestes, sans mettre à contribution les revenus du capital. Oui, il est injuste d'obliger ceux qui ont commencé à travailler à dix-huit ans à cotiser quarante-quatre ans avant de partir en retraite.

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