Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, la lecture, dans des délais record, des conclusions de la CMP sur le projet de réforme des retraites procède du choix du Gouvernement de passer en force par le truchement d'une procédure accélérée sur un texte pourtant emblématique.
L'enjeu de cette réforme ne se résume pas à une question de finances publiques, ainsi que vous tentez de le faire croire à l'opinion : vous avez entrepris, ni plus ni moins, de vous attaquer à un véritable enjeu de civilisation avec une telle désinvolture et un tel mépris que vous êtes désormais seuls comptables des tensions sociales qui agitent notre pays et se manifestent dans la rue depuis plusieurs semaines, et certainement pour plusieurs semaines encore, sous quelque forme que ce soit.
Cette réforme antisociale est la traduction législative et juridique de la forfaiture du Gouvernement et du Président de la République obéissant aux diktats des marchés financiers et des agences de notation, et aux exigences de l'Europe ultralibérale. Tout le monde a en mémoire les déclarations, en 2007, renouvelées en 2008, du Président de la République selon lesquelles il n'avait pas mandat du peuple pour réformer les retraites.