Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Avec obstination, votre gouvernement et le chef de l'État êtes restés totalement hermétiques au message des Français. Pourtant, depuis des semaines, des millions de nos concitoyens ont manifesté leur opposition à ce projet injuste de réforme des retraites et exprimé un rejet massif de votre politique.
Si des hommes et des femmes ont courageusement décidé de faire grève, ce n'est ni par plaisir ni pour bloquer ou compliquer la vie quotidienne des Français, mais c'est bien pour essayer de se faire entendre, pour obtenir la suspension de l'examen de votre projet (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) et qu'enfin s'engage une véritable négociation entre les syndicats et le Gouvernement.
Ces hommes et ces femmes ont sacrifié de leur temps, de leur vie de famille et de leurs revenus, car les conséquences sur les bulletins de paye seront lourdes. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Ils se sont engagés pour défendre des acquis sociaux et vous dire qu'une autre réforme reste possible. Vous ne voulez pas les entendre.
En campant sur vos positions, vous avez engendré la crise et les blocages. Vous portez, par votre entêtement, la responsabilité de la situation que nous connaissons depuis des semaines.
Pourquoi n'avez-vous pas voulu entendre l'inquiétude notamment de ces millions de femmes qui ont bien compris qu'elles seront lourdement pénalisées par votre réforme ? Pourquoi vouloir absolument repousser l'âge légal à soixante-deux ans et l'âge de départ à taux plein de soixante-cinq à soixante-sept ans alors que vous savez pertinemment que vous allez amplifier les conséquences négatives de carrières interrompues, d'un marché du travail particulièrement difficile pour les femmes et d'inégalités professionnelles qui perdurent et contre lesquelles votre gouvernement ne lutte pas efficacement.
Les quelques corrections à la marge que vous avez consenties n'y changent rien : votre réforme va pénaliser particulièrement les femmes et, là encore, votre gouvernement, votre majorité, le Président de la République, en porterez collectivement la responsabilité.
Monsieur le Premier ministre, le texte n'est pas définitivement adopté ni promulgué ; il est encore temps d'entendre les Français, de retirer votre texte et de mettre fin à cette injustice. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR. – Protestations sur les bancs du groupe UMP.)