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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 19 octobre 2010 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Monsieur le ministre, dans un entretien au journal Le Monde, le 29 septembre dernier, vous avez osé qualifier ce projet de budget pour 2011 de « rupture historique », signe que la densité des mots s'évapore.

Il ne faudrait pas confondre ce projet de loi et le contexte économique et social, à savoir l'explosion du chômage, le montant astronomique du déficit et de la dette publics, la montée, partout dans notre pays et dans tous les secteurs d'activité, du mécontentement et de la colère.

Il ne faudrait pas confondre la crise dont l'ampleur et les effets sont, eux, historiques et l'action du Gouvernement qui, elle, ne l'est certes pas.

Ce projet de budget, mes chers collègues, n'a rien d'historique. Bien au contraire, il porte la marque de la continuité et de l'aggravation. Autrement dit, ce budget est celui de l'entêtement dans une voie qui a déjà détruit autour de 800 000 emplois depuis l'élection de Nicolas Sarkozy.

Quant à la notion de « rupture », elle peut effectivement s'appliquer au contexte dans lequel s'inscrit ce budget. Cependant, il s'agit d'une rupture entre le pouvoir en place et le peuple de France.

Semaine après semaine, jour après jour et aujourd'hui encore, des millions de nos concitoyens descendent dans la rue pour s'opposer à la destruction du droit à la retraite et, globalement, pour empêcher la mise en place de cette société inique que Nicolas Sarkozy appelle de ses voeux.

Désormais, l'ampleur de la contestation est telle que le Président du Fouquet's, des riches et des privilégiés n'hésite plus à envoyer les forces de police contre les salariés et les enfants, comme cela s'est produit à Montreuil la semaine dernière.

Je sais que pour nombre de policiers et de gendarmes de notre pays se pose aujourd'hui la question de savoir de quel côté de la barrière se situe leur devoir envers la nation.

Ce budget est celui de la continuité, de l'entêtement, de l'aveuglement. En agissant ainsi, vous répondez parfaitement à la situation décrite par les « économistes atterrés », dont j'ai déjà eu l'occasion de citer le manifeste à cette tribune. Monsieur Baroin, vous l'avez sûrement lu, parce que rien ne vous échappe.

Ces économistes écrivent : « La crise a mis à nu le caractère dogmatique et infondé de la plupart des prétendues évidences répétées à satiété par les décideurs et leurs conseillers. Qu'il s'agisse de l'efficience et de la rationalité des marchés financiers, de la nécessité de couper dans les dépenses pour réduire la dette publique, ou de renforcer le "pacte de stabilité", il faut interroger ces fausses évidences et montrer la pluralité des choix possibles en matière de politique économique. D'autres choix sont possibles et souhaitables, à condition d'abord de desserrer l'étau imposé par l'industrie financière aux politiques publiques.

Pourtant, vous ne cessez de répéter qu'il n'y a pas d'autre solution. Un grand sage du XIXe siècle, Friedrich Engels, disait que lorsqu'on n'est pas capable de trouver une solution, cela ne prouve qu'une chose : qu'on a été incapable de la trouver.

Monsieur le ministre, cela s'applique aussi à vous. Vous êtes dans cette situation et, si vous étiez un petit peu marxiste…

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