Monsieur Sapin, vous avez abordé trois sujets.
Premièrement, la croissance.
Vous appréciez certainement l'ancien évêque d'Autun, M. de Talleyrand, selon lequel, à défaut d'être les organisateurs des événements, il faut faire croire que nous le sommes. Un grand nombre de ministres des finances, vous en fûtes un, font croire que tout dépend d'eux. C'est totalement faux ; vous l'avez d'ailleurs souligné dans votre propos. L'essentiel de la croissance ne relève même pas, je suis désolé de déplaire à M. Muet, de la politique menée par l'État : elle dépend de la compétitivité des entreprises.
C'est vrai qu'il y a plutôt un freinage en Chine, bien que la Chine et l'Inde pèsent très peu dans la croissance française, mais vous n'avez pas dit que la croissance allemande était plutôt bonne et que c'était beaucoup plus important pour la France que l'Inde et la Chine. Cela étant, la croissance de la demande internationale pondérée par nos parts de marché dans chacun de ces pays n'a d'intérêt que si vous êtes compétitifs. Or nous ne le sommes pas puisque, depuis dix ans, nous avons perdu un bon tiers de nos parts de marché alors que l'Allemagne maintenait les siennes. Les choix opérés par la France n'ont pas été ceux de l'Allemagne, et vous n'êtes pas allé jusqu'au bout.
Les Allemands ont fait le choix de la compétitivité, avec le maintien du pouvoir d'achat des salaires et rien de plus. Ils ont fait le choix de l'entreprise parce qu'ils ont fait le choix de l'emploi. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cela n'a pas été le cas de la gauche lorsqu'elle était au pouvoir. Elle a fait le choix de la facilité à court terme. Comme vous avez eu deux fois la chance, par les hasards de l'histoire économique, d'arriver juste avant le haut de cycle…