Je voudrais revenir sur la question du respect de la souveraineté française sur notre domaine maritime, en particulier autour de la Polynésie, les enjeux économiques à long terme étant considérables. Face aux appétits de puissants voisins, ne faut-il pas faire un peu plus ?
Amiral Pierre-François Forissier. Je n'ai aucune inquiétude sur le respect de la souveraineté dans cette zone. Le Pacifique représente la moitié de la surface de la planète, la Polynésie couvre une surface équivalant à celle de l'Europe ; les distances sont considérables, et quand on patrouille dans le Pacifique on ne rencontre personne. Il n'est donc pas nécessaire de disposer en permanence de moyens très importants. Il faut plutôt assurer une présence constante et efficace. Si nous avons préféré baser nos avions en Polynésie plutôt qu'en Nouvelle-Calédonie, c'est parce qu'en Polynésie, le vecteur utilisé pour surveiller la mer est principalement l'avion. La surveillance doit se doubler de la disponibilité sur place de moyens d'action en cas de besoin. Mais la mer ne s'occupe pas : assurer la souveraineté dans un espace maritime, ce n'est pas la même chose que garder un territoire. Pour assurer notre souveraineté dans ces zones, mieux vaut quelques moyens mobilisables toute l'année plutôt que de nombreux bateaux aux capacités d'action limitées : l'important n'est pas le nombre, mais la présence – il faut « montrer le pavillon ».