Qu'en est-il du moral des troupes ? Quelles sont leurs réactions face aux réductions budgétaires ? Y a-t-il des départs volontaires consécutifs aux problèmes que vous rencontrez ?
D'autre part, quelle est votre latitude dans le choix des matériels ?
Amiral Pierre-François Forissier. Le moral des troupes est plutôt bon, dans la mesure où nous avons des activités : un marin qui navigue est un marin heureux, un marin dont le bateau est cassé et qui ne navigue pas est un marin malheureux. Avec l'opération Atalanta et le déploiement du groupe aéronaval, nos marins ont beaucoup travaillé.
La situation est un peu différente pour les marins à terre, qui sont à la fois acteurs et objet de la réforme. Nous essayons de les motiver en leur disant qu'elle sera ce qu'ils en feront, tant il est vrai qu'au-delà des grands principes fixés à Paris, le réglage fin se fait sur le terrain. Ils ont parfaitement compris qu'on ne pouvait pas continuer à fonctionner avec l'ancien système. Le ratio entre le nombre de marins à terre et le nombre de marins qui naviguent n'est pas très bon, parce que nous avons des structures administratives occupées à faire appliquer des règles nombreuses, dont certaines datent de l'Ancien régime. J'attends de la réforme que toutes les ordonnances royales qui sont encore en vigueur et toutes les lois qui se sont empilées sous toutes les Républiques fassent l'objet d'un nettoyage. J'aspire, par exemple, à ce que l'on puisse acheter le joint manquant au Castorama local, au lieu de remplir une quinzaine de papiers pour en recevoir un trois mois plus tard et pour un prix dix fois plus élevé. Quant au code des marchés publics, je pense qu'il nous coûte beaucoup plus qu'il ne nous fait économiser de l'argent.